Croissance Europe : l’industrie manufacturière en panne
l’Europe souffre d’une maladie insidieuse à savoir la panne de développement de son industrie manufacturière. Certes, le phénomène n’est pas nouveau (surtout en France) mais il a longtemps été masqué par la puissance de l’Allemagne dans ce domaine. Notons aussi que la même maladie affecte aussi la Chine. Certains pourront considérer qu’il s’agit là dune évolution structurelle et que le déclin de l’industrie doit être compensé par le développement des services. C’est effectivement le cas mais trop partiellement et du coup les croissances sont très faibles voire inexistantes. On compte de manière excessive sur la consommation des ménages et les investissements pour pallier au net ralentissement des exportations. Pour l’instant, ces les investissements sont relativement atones en dépit de la masse de liquidités disponibles dans les entreprises. Quant à la consommation, elle est affectée par l’attentisme des ménages dont certains préfèrent geler leur épargne plutôt que de consommer. L’activité du secteur manufacturier dans la zone euro s’est donc contractée pour le septième mois consécutif selon le dernier indice PMI des directeurs d’achat du cabinet Markit.
La panne du moteur industriel se poursuit en Europe. L’indice PMI pour l’industrie manufacturière de la zone euro a légèrement augmenté au mois d’août passant de 46,5 à 47 selon les derniers chiffres du cabinet Markit publiés ce lundi 2 septembre. Bien qu’en hausse, la situation économique des fabricants européens »est restée fermement ancrée en zone de contraction en août ». Avec de tels résultats, l’industrie de l’union monétaire enregistre son deuxième plus faible niveau depuis avril 2013 et se maintient en seuil négatif pour le septième mois consécutif. Les craintes et inquiétudes se multiplient sur le Vieux continent.
Après avoir connu une récession en fin d’année 2018, l’économie italienne est encore plongée dans l’incertitude, minée par des faibles gains de productivité et une croissance au ralenti. En Allemagne, l’industrie automobile souffre de faibles exportations. Le produit intérieur brut (PIB) de la première économie européenne a progressé de 0,4% au premier trimestre par rapport aux trois mois précédents mais il s’est contracté de 0,1% au deuxième trimestre en raison d’un coup de frein des exportations. »Cette nouvelle dégradation de la conjoncture dans le secteur manufacturier de la zone euro devrait peser sur la croissance économique de la région au troisième trimestre », a ajouté Chris Williamson, chef économiste chez Markit.Le moral des chefs d’industrie sur le Vieux continent n’est pas au beau fixe. Les économistes de Markit expliquent ces chiffres décevants par une forte contraction des secteurs de fabrication de biens intermédiaires et de biens d’équipement. À l’opposé, le domaine des biens de consommation a poursuivi sa tendance à la hausse débutée il y a près de six ans avec une forte expansion en août.
Au niveau géographique, les secteurs manufacturiers de plusieurs grandes économies sont encore dans le rouge. C’est le cas de l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, l’Irlande ou l’Autriche. L’économie allemande a connu « une très forte dégradation de sa conjoncture industrielle en août ». Les carnets de commandes dans plusieurs pays ont clairement reculé à cause notamment de la faible demande sur les marchés étrangers. « Les données de l’enquête continuent en effet de signaler un très fort recul des exportations », précise Markit.
Sur le front de l’emploi, les derniers chiffres du cabinet ne sont pas réjouissants. La détérioration des commandes et le ralentissement de la production ont poussé les fabricants à réduire leurs effectifs. »L’emploi a ainsi reculé pour un quatrième mois consécutif, le taux de suppression de postes restant proche du plus haut de soixante-quatorze mois enregistré en juillet. En Allemagne, les entreprises manufacturières ont signalé les plus fortes baisses d’effectifs depuis un peu plus de huit ans », signalent les économistes. Et si le taux de chômage en Europe est au plus bas, il a tendance à se stabiliser depuis plusieurs mois selon les derniers chiffres d’Eurostat publiés vendredi dernier.
Contrairement à ses principaux voisins, l’économie tricolore résiste. L’activité du secteur manufacturier a enregistré une légère amélioration en plein coeur de l’été. « Les dernières données mettent en évidence une amélioration de la conjoncture dans le secteur manufacturier, les fabricants signalant en effet une reprise de la croissance de la production et des nouvelles commandes en août. Si cette hausse de l’activité n’est que la deuxième enregistrée au cours des six derniers mois, elle témoigne néanmoins d’une certaine robustesse de l’industrie manufacturière française, notamment au regard des faibles performances des fabricants européens », explique l’économiste Eliot Kerr.
La semaine dernière, l’Insee a révisé légèrement à la hausse (0,1 point) son estimation pour la croissance du produit intérieur brut (PIB) du second trimestre à 0,3%. Concernant les perspectives, les industriels français sont relativement optimistes. Ils fondent leurs projections de croissance sur « des prévisions de raffermissement de la demande extérieure ». Malgré cette situation plus favorable, la perspective d’un Brexit sans accord à la fin du mois d’octobre prochain pourrait à nouveau plonger les industriels français qui échangent avec le Royaume-Uni dans le doute. Au Royaume-Uni, l’indice PMI qui mesure l’activité manufacturière en Grande-Bretagne est tombé au plus bas depuis 7 ans en août, pâtissant du ralentissement économique planétaire.
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