Profits, environnement un changement chez les patrons américains ?
Julie Battilana, Professeure titulaire de chaires de gestion et d’innovation sociale à Harvard se félicite de « changement de discours » de patrons américains après la tribune publiée le 19 août dans le « New York Times » annonçant l’abandon de la priorité donnée aux actionnaires et la prise en compte de l’environnement. Reste que comme l’indique l’intéressé encore faudrait-il que cela se traduise par des actes. (Extrait de la tribune dans le monde)
« Il aura donc fallu attendre plus de dix ans après la crise financière de 2007 pour que les chefs d’entreprises américains remettent en cause le principe de la poursuite de la maximisation de la valeur pour les seuls actionnaires, et prennent position en faveur d’un changement de paradigme.
Les dirigeants et dirigeantes membres de la puissante Business Roundtable, qui regroupe 193 des plus grandes entreprises américaines, employant à elles seules plus de 15 millions de personnes, ont cosigné un nouveau texte sur le rôle et la mission des entreprises, publié dans le New York Times du 19 août, affirmant que ces dernières doivent servir non seulement les intérêts de leurs actionnaires sur le long terme, mais aussi ceux de leurs employés, de leurs fournisseurs, et plus globalement de la société (« Statement on the Purpose of a Corporation », voir lien PDF). Les 181 PDG signataires déclarent partager un « engagement fort auprès de toutes les parties prenantes de leurs entreprises », assumant ainsi la rupture par rapport au système jusqu’ici dominant.
Les uns célèbrent déjà l’avènement d’un nouveau système économique plus juste, humain, et respectueux de l’environnement, tandis que d’autres fustigent une nouvelle tentative d’amélioration de l’image des grandes entreprises, qui prétendent vouloir changer leur approche, mais continuent de poursuivre au quotidien leur quête effrénée du profit.
Un tel manichéisme est stérile au moment où se joue l’avenir de notre système économique et social. S’il faut se réjouir de ce changement de discours, qui ouvre la porte à une possible refonte du modèle capitaliste et du rôle des entreprises dans la société, deux questions doivent néanmoins être posées : pourquoi un tel changement maintenant ? Et sera-t-il suivi d’actions ?….. »