Âge de départ à la retraite : 62 ou 65 ans ?
Après le rétro pédalage de la ministre de la santé sur la question, c’est maintenant celui du premier ministre toujours avec la même hypocrisie : à savoir on maintient l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans mais en fait on incite à partir à 65 ans pour obtenir une retraite pleine. Et le premier ministre de déclarer devant l’assemblée nationale “Dans le cadre de cette réforme, il n’est pas question de modifier l’âge de départ à la retraite”, a déclaré Edouard Philippe lors des questions au gouvernement à l’Assemblée. Pour autant, dans le contexte de vieillissement de la population française et “d’un besoin de financement considérable, se poser la question de savoir s’il faut travailler plus longtemps pour que le fruit de ce travail plus long finance ces besoins considérables d’investissement et de prise en charge de la limitation du reste à charge est une question parfaitement valide”, a-t-il ajouté. “Ce qui m’inquiéterait, ça serait qu’on ne se la pose pas”. Un rétro pédalage particulièrement hypocrite puisqu’on peut très bien maintenir l’âge légal de départ en retraite mais reculer en même temps l’âge de départ effectif, ce qui se produit d’ailleurs en ce moment avec en moyenne des départs autour de 63 ans. L’âge de la retraite est évidemment un tabou (comme les 35 heures). Pour le contourner on va donc agir le taux de cotisation en fonction des années d’activité, sur le niveau des pensions voir sur le taux de cotisation (régime général et régime complémentaire compris). Ajoutons que le report de l’âge de la retraite génère des effets à moyen et long terme et que l’autre manière d’obtenir rapidement des économies est passée par la désindexation. Une autre manière de diminuer la retraite. La ministre de la santé avait précisé qu’elle s’exprimait à titre personnel et que de toute manière un jour ou l’autre il faudrait bien se poser la question. Cette manière très allusive d’aborder une question centrale ne caractérise pas un grand courage. Il y a en effet longtemps que le problème de l’âge de la retraite comme celui des 35 heures devrait être sur la table des négociations. Ces deux mesures de la gauche ont largement concouru à tuer la compétitivité de l’économie. Sans parler du fait que cela a porté un coup fatidique à la valeur du travail. Cette réduction du temps de travail peut et même doit se comprendre et même s’imposer pour les salariés aux conditions de travail difficiles mais pas pour l’ensemble. C’est cette généralisation idiote et aveugle qui est condamnable. Quand on écoute les propos de la ministre de la santé, on peut être inquiet du courage et de la lucidité du pouvoir sur cette question «La question de l’âge du départ à la retraite est sans arrêt sur la table, à gauche comme à droite», avait déclaré la ministre lors du Grand jury RTL-Le Figaro-LCI. «Moi j’entends ces débats. Le président de la République avait pris lors de sa campagne (présidentielle) l’engagement devant les Français de ne pas toucher à l’âge de départ à la retraite. Après, nous allons mener une réforme des retraites pour rendre les retraites plus universelles, plus compréhensibles pour les Français et avoir un système qui pérennise notre système par répartition, peut-être que cela, ça sera en discussion avec les partenaires sociaux dans le cadre de la réforme générale», a-t-elle indiqué. «Je n’y suis pas hostile», a poursuivi la ministre, interrogée sur l’enjeu de retarder l’âge de départ à la retraite. «Je suis médecin, je vois que la durée de vie augmente d’année en année, elle augmente moins vite ces dernières années mais elle a considérablement augmenté», a-t-elle fait valoir. «Est-ce que, alors que le nombre d’actifs diminue, nous allons pouvoir maintenir sur les actifs le poids des retraites qui vont augmenter en nombre et en durée? Nous savons que cet équilibre-là va être de plus en plus difficile à tenir», a-t-elle estimé. Comme on lui rapportait, en fin d’émission, les réactions de surprise suscitées sur les réseaux sociaux par ses déclarations, la ministre a souligné qu’elle s’exprimait «à titre personnel». «Je pense que un jour, un jour, nous serons obligés de travailler plus longtemps sinon notre système de retraite ne pourra pas tenir», a-t-elle précisé. «Ce que j’ai dit, c’est que j’ai vu ces propositions remonter du grand débat. À partir du moment où les Français l’évoquent, c’est sur la table. À partir du moment où toutes les propositions qui sont amenées par le grand débat vont être étudiées, nous étudierons celle-là comme les autres. Elle n’est pas (mise) sur la table aujourd’hui par le gouvernement», a-t-elle rappelé. Contrairement à ce que raconte la ministre cette question n’est pas non plus mise sur la table de façon significative dans le cas du grand débat.
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