Un grand débat pour rien ?
C’est en tout cas le sentiment des Français dont 70 % pensent qu’il ne servira pas à grand-chose pour résoudre la crise et que ce débat a été noyauté par le pouvoir. Ce que confirme les d’ailleurs bien tardivement les « garants », les sages en charge de la déontologie, qui estiment que le pouvoir était trop présent dans les manifestations très médiatisées et que la présence de Macron en particulier était excessive. Ceci étant, les Français en redemandent sans doute parce qu’ils veulent être attentifs aux suites du grand débat aussi parce qu’ils considèrent à juste titre que les discussions sur les grands enjeux manquaient sérieusement d’approfondissement. En clair les grandes questions n’ont été abordées qu’en surface. Tout ce qu’on pourra tirer se limitera sans doute à une sorte de catalogue hiérarchisé des revendications mais il sera difficile d’en extraire des éléments cohérents dans les différents domaines de la politique publique. En outre, les marges de manœuvre sont particulièrement étroites pour le gouvernement qui est d’une certaine façon a déjà utilisé ses principales cartouches. L’État est même coincé par la perspective qui se rapproche dangereusement d’un endettement proche de 100 % du PIB. On risque donc de faire du cosmétique avec quelques décisions partielles sur la réindexation des retraites, sur la réduction de la TVA sur quelques produits de nécessité, sur la réduction des prélèvements obligatoires et sur le mandat des élus. Bref des mesures bien insuffisantes au regard des enjeux apparus lors des discussions. Plus des deux tiers des Français (68%) estiment que tout cela ne débouchera pas sur des mesures utiles pour le pays. Sept sondés sur dix (71%) estiment même que le grand débat national n’a pas été mené de façon indépendante du pouvoir et autant qu’il n’a pas permis d’appréhender tous les sujets. À noter qu’à l’heure du bilan, 18% des Français disent avoir contribué d’une façon ou d’une autre à cette initiative ou envisagent de le faire avant sa clôture. Au moment du lancement au mois de janvier, un tiers des Français (32%) avait envie d’y contribuer.
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