Gouvernance économique mondiale : une utopie ?
L’économiste. Emmanuelle Auriol évoque dans uen Tribune au Monde les difficultés de parvenir à uen régulation mondiale.
« L’Etat moderne, qui, en plus de ses missions régaliennes, construit des infrastructures, éduque, soigne, paye des retraites, redistribue et régule, ne s’est installé que très progressivement à partir de la fin du XIXe siècle. Son action n’est devenue prépondérante en matière économique qu’à partir des années 1930. Ebranlées par la Grande Dépression puis la seconde guerre mondiale, les nations se sont montrées méfiantes vis-à-vis du marché et de ses « vertus ».
En l’absence de garde-fou, la machine capitaliste a tendance à s’emballer et, en fait d’opulence et de paix, engendre destruction et barbarie. Pour éviter les dérapages et stabiliser l’économie, un consensus s’est établi autour de la nécessité de réguler les marchés. Ainsi, les années d’après-guerre vont connaître un très fort encadrement de l’économie par l’Etat.
En Europe, et singulièrement en France, la nécessité de reconstruire s’est traduite par la nationalisation de secteurs-clés et l’orientation de l’économie dans le cadre d’une planification indicative. S’ensuivra une période de prospérité sans précédent, interrompue brutalement par le choc pétrolier de 1973.
La gestion publique remise en cause
Confrontés à une crise stagflationniste, les gouvernements vont tenter sans succès de restreindre leurs dépenses et d’améliorer l’efficacité de leurs interventions. Partout dans le monde, la gestion publique va être remise en cause. Il apparaît, sur le plan macroéconomique, qu’un Etat hypertrophié entrave le fonctionnement de l’économie et étouffe la croissance.
La difficile régulation mondiale des marchés
Ainsi, l’Union européenne s’est construite grâce à des restructurations importantes pour les Etats des pays membres, qui ont dû renoncer à bon nombre de leurs prérogatives nationales pour pouvoir s’intégrer. En mettant en avant le sentiment nationaliste, les divers partis sécessionnistes cultivent le fantasme d’un Etat national fort et autonome. Ils prônent un arrêt de l’immigration, un retour aux frontières et au protectionnisme économique. Une reprise en main de l’économie nationale par l’Etat semble ainsi se dessiner, après trente ans de réformes libérales et d’effort d’ouverture.
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