Les garants critiquent le grand débat national

Les garants critiquent le  grand débat national

 

La principale critique des garants concernent les modalités d’organisation. Pour les garants il s’agit de privilégier un vrai débat et non de se limiter à une simple consultation. Par ailleurs les garants critiquent le formalisme du questionnaire officiel qui privilégie les questions fermées par rapport aux questions ouvertes. Des questions fermées d’ailleurs trop orientées.

Les garants à savoir Jean-Paul Bailly, Nadia Bellaoui, Guy Canivet, Isabelle Falque-Pierrotin et Pascal Perrineau critiquent  certaines conditions du débat national. Leur mission est en effet de veiller à l’indépendance du dispositif et à la régularité des méthodes. Les garants rappellent d’abord le calendrier :

  .    20 février : dernier jour pour écrire dans les cahiers de doléance ;

  • 18 mars : dernier jour pour déposer sa contribution en ligne ;
  • 15-16 et 22-23 mars : 18 conférences régionales citoyennes, réunissant des citoyens dont le numéro de téléphone aura été généré aléatoirement. Les garants recommandent qu’elles se fondent sur un bilan d’étape et puissent faciliter la restitution finale ;
  • Début avril : premières synthèses et débat au Parlement.

Au passage, les garants ont tenu à rassurer contre la menace de noyautage du dispositif par des lobbies. « Sur le plan d’une manipulation éventuelle du débat, il n’y a pas d’alerte pour l’instant », observe Isabelle Falque-Pierrotin. , les garants ont tout de même glissé plusieurs avertissements, sur les biais du grand débat ou sur certaines fausses attentes.

Plus précisément, 210.000 personnes ont, pour le moment, rempli le questionnaire en ligne. Au total, le site a recueilli quelques 900.000 contributions sur les quatre thèmes proposés (démocratie et citoyenneté, fiscalité et dépenses publiques, organisation de l’Etat et des services publics, transition écologique).

Mais ces 900.000 contributions devront être analysées avec des pincettes, avertissent les garants. Pour donner son avis en ligne, un citoyen peut répondre à un questionnaire ouvert et/ou à une série de questions fermées. Ces dernières, plus rapides à remplir, ont connu le plus fort succès, avec 650.000 contributions. Mais elles ne sont pas neutres, selon les garants, qui pointent trois biais :

  • Ces questions sont fermées : elles ne permettent donc pas au participant d’émettre des suggestions, de faire émerger de nouvelles problématiques ou idées ;
  • Ces questions sont orientées :  »Quels sont selon vous les impôts qu’il faut baisser en priorité? » demande, par exemple, le formulaire, sous-entendant que l’idée qu’il faille diminuer les prélèvements obligatoires est partagée par tous ;
  • Les répondants ne constituent pas un panel représentatif de la population française. Dès lors, les résultats sont « inexploitables », conclut le politologue Pascal Perrineau.

« Dès le début, nous avons dit que les questions fermées sont le plus mauvais moyen de susciter le débat, indique Pascal Perrineau. Par ailleurs, elles étaient excessivement orientées. » « Les questions doivent faciliter les réponses, et non les diriger », estime pour sa part l’ancien membre du Conseil constitutionnel Guy Canivet.

Pour rectifier le tir, les garants ont obtenu deux modifications :

  • Les questions ouvertes apparaissent désormais en premier sur le site ;
  • La base documentaire mise à disposition des citoyens a été enrichie par des sources non-gouvernementales. Des rapports, par exemple, rédigés par l’OCDE ou encore l’Institut des politiques publiques.

Autre point de vigilance : les réunions dites d’initiative locale, qui essaiment depuis le lancement du Grand débat. A ce jour, plus de 6.000 réunions ont été référencées sur le site, dont 3.000 qui ont déjà eu lieu. Mais seulement 600 d’entre elles ont fait l’objet d’une restitution en ligne.

Pourquoi si peu? D’autres comptes-rendus sont envoyés par courrier. Mais aussi, indiquent les garants, certains organisateurs tardent à transmettre leur bilan. Autrement dit, il existe un risque que des rencontres ne laissent aucune trace à analyser. C’est pourquoi les garants comptent relancer les organisateurs et mobiliser, pour cela, les référents départementaux du grand débat.

Restituer, mais pas n’importe comment. Après une réunion locale, les organisateurs ont trois possibilités :

  • Remplir un formulaire en ligne ;
  • Envoyer un compte-rendu libre par courrier ;
  • Déposer, en ligne, un compte-rendu libre.

La plateforme recommande la première option. Erreur, selon les garants. Ils craignent que la richesse de ces débats de plusieurs heures soit diluée dans des formulaires-types. A l’inverse, ils préconisent de proposer par défaut aux organisateurs d’utiliser un format de restitution libre. « Le gouvernement n’a pas retenu cette modalité, mais nous persistons », regrette Nadia Bellaoui. Plus tard, elle précise : « Plus le format sera libre, simple et fluide, plus le résultat des réunions pourra être pris en compte ».

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