Agriculture : « sauver le ver de terre »


Agriculture : « sauver le ver de terre »

C’est le cri de  Christophe Gatineau, cultivateur et agronome, dans une tribune au « Monde » à l’adresse du président de la République. Pesticides et engrais utilisés l’excès ont rendu les terres mortes. Du coup, il faut augmenter encore les doses d’engrais et de pesticides. Or ce sont surtout les vers qui transforment les petit végétaux en véritable or pour l’agriculture du fait de leur capacité à en décomposer la matière organique. Des vers de terre qui représente entre 1 à 5 tonnes par hectares et parfois seulement 50 kgs dans les terres mortes.

«  Monsieur le président, le temps presse, les vers de terre disparaissent et, avec eux, les sols nourriciers. Pour résumer la situation : les vers de terre nourrissent les sols, et les sols nourrissent les plantes qui nous nourrissent ; ou nourrissent les animaux que nous mangeons. A l’image du cycle de l’eau, c’est un cercle vertueux, un échange de bons procédés où chacun nourrit l’autre. Raison pour laquelle le ver de terre a toujours été le partenaire ancestral de l’agriculteur, son abondance signant la fertilité et la bonne santé des sols. Et plus une terre est fertile, plus elle est productive, plus notre nourriture est saine et riche. Sans l’ombre d’un doute, le fond de ma lettre concerne donc l’alimentation de demain. Et si les rayons des supermarchés ne dépendaient pas de la bonne santé des sols, ma requête n’aurait aucun sens puisque, pour l’instant, leurs étals regorgent de nourriture comme jamais. Or, le célèbre astrophysicien Hubert Reeves, pas connu pour être un catastrophiste, et encore moins un fantaisiste, déclarait en mai sur le plateau d’« Envoyé spécial » : « La disparition des vers de terre est un phénomène aussi inquiétant que la fonte des glaces. » Pourquoi a-t-il mis en perspective le ver de terre avec le bouleversement climatique ? Question de bon sens puisque les sols et les glaces fondent comme neige au soleil : un quart des sols européens étant aujourd’hui usés. En langage scientifique, on dit victime d’érosion. Autrement dit, quand les sols sont lessivés de toute vie, usés, ils migrent vers les mers et les océans, via les sources et les rivières, laissant place à des champs de cailloux. Pourquoi ? Quand, il y a cinquante ans, nous avons décidé de ne plus nourrir les vers de terre et toute la diversité biologique, nous avons brisé le cycle. En effet, dans un système de cause à effet, où chacun nourrit ou se nourrit de l’autre, en cessant de nourrir les vers de terre, les sols ont cessé de nourrir les plantes… Alors pourquoi les vers de terre sont-ils si importants en agriculture ? Parce qu’ils peuvent représenter jusqu’à 80 % de la masse des êtres vivants qui fabriquent la nourriture des plantes. Et en cessant de les nourrir, c’est bien l’ensemble d’un agrosystème qui s’est effondré, mort de faim ou empoisonné. Et pour revenir à l’érosion, parce qu’il ne faut jamais se tromper de sens, c’est bien l’extinction du ver de terre qui cause l’érosion des sols, comme le réchauffement climatique cause l’érosion des pôles. »

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