«Digitaliser l’Etat en conservant la proximité?»

 «Digitaliser l’Etat en conservant la proximité?»

C’est l a problématique que pose dans La tribune de Thibault Lanxade, Président-Directeur général de Jouve. La tentation pourrait en effet être grande pour l’État d’introduire la digitalisation dans la plupart de ses fonctions mais en rendant le rapport à l’administration encore plus lointain et bureaucratique.

 

« Le débat actuel sur le prélèvement à la source est symptomatique de la transformation digitale des administrations. Si les technologies et paramètres techniques sont réunis, les agents de l’Etat et les Français sont-ils réellement prêts ?

Selon une étude réalisée par Ipsos (*), 9 Français sur 10 sont enthousiastes à l’idée d’utiliser davantage de services en ligne et d’effectuer plus de démarches par Internet. Si le développement du numérique dans ses relations avec les administrés est une priorité pour l’Etat, les Français émettent quelques réserves quant à la digitalisation des services publics et souhaiteraient aller plus loin sur ce sujet. Pour les citoyens, les services numérisés doivent rimer avec proximité, rapidité voire convivialité.

Cela ouvre de nombreuses perspectives pour notre administration, qui a déjà mené des projets ambitieux et au moment où s’ouvre la discussion budgétaire, il nous semble important que ce débat soit ouvert. Le Premier ministre a déclaré le 28 août à l’université d’été du Medef que l’objectif du gouvernement était de réduire de 10 % la masse salariale de la fonction publique (en volume et pas forcément en effectif). La transformation digitale peut y contribuer. Cela va impliquer un effort important de formation des personnels concernés pour leur attribuer de nouvelles missions qui seront porteuses de valeur ajoutée.

Le programme Action Publique 2022 avec un budget de 700 millions d’euros sur 5 ans doit accompagner cette transformation. Il poursuit trois objectifs fixés par le gouvernement :

– améliorer la qualité de service en développant la relation de confiance entre les usagers et l’administration ;

– offrir un environnement de travail modernisé aux agents publics en les impliquant pleinement dans la définition et le suivi des transformations ;

– accompagner la baisse de la dépense publique.

Collectivités locales. Ce budget est un investissement pour l’État et il serait intéressant de savoir quel est le retour sur investissement qu’en attend le gouvernement. Lorsque nous étudions un pays comme l’Estonie, nous mesurons les prochaines étapes à franchir. Il me semble que cet effort doit aussi être poursuivi par les collectivités locales et le secteur santé afin que l’ensemble des acteurs du secteur public soient à la pointe de cette révolution digitale.

Ainsi, si nous prenons l’exemple d’un projet réalisé par le Groupe Jouve tel que la dématérialisation des factures des fournisseurs de l’Etat nous pouvons constater qu’il a permis un raccourcissement des délais de traitement et donc de règlement. Nous ne pouvons que nous féliciter de l’impact positif que cela a eu sur la trésorerie des entreprises (TPE, PME, ETI ou groupes) qui travaillaient pour Bercy.

Au-delà de cet exemple, il existe aussi de nouvelles sources de transformation et valeurs ajoutées avec les enjeux de l’open data. L’ouverture des données au public « open data » est aujourd’hui une réalité qui se matérialise dans un nombre croissant de jeux de données ou d’API mis à disposition des entreprises qui vont créer des services innovants pour les usagers. Néanmoins, leur réutilisation entre entités publiques d’une part et ou pour la création de nouveaux services d’autre part reste encore à améliorer. La capacité, pour un acteur public, à articuler ses jeux de données existants (référentiels métiers, données géo-localisées,…) avec celles d’autres administrations, est essentielle pour favoriser l’implémentation des données au service du public et pour simplifier les recherches d’informations. Cette capacité à gérer les données, à les compléter, à les analyser, à les formater peut ainsi permettre à certains établissements d’améliorer l’intelligence et la pertinence de la recherche d’informations, en témoigne le projet réalisé par Jouve pour le site web de l’ONISEP au service des lycéens et étudiants.

Au-delà des innovations technologiques, les efforts doivent aussi porter sur l’anticipation et la formation des agents publics qui vont faire vivre cette évolution numérique tant en interne qu’en externe. Par exemple, les agents du programme « EIG » (Entrepreneurs d’Intérêt Général) lancé en 2016 sont des ambassadeurs clés de cette transformation digitale auprès des Français. Le discours du gouvernement, des administrations et même des syndicats de la fonction publique se doit d’être enthousiaste pour accompagner cette transformation digitale. En tant que citoyen, nous nous devons aussi de contribuer à cette transformation de l’Etat en utilisant rapidement les nouveaux services digitaux proposés et en participant à leur amélioration.

Thibault Lanxade Président-Directeur général de Jouve.

 

(*) Etude réalisée par IPSOS pour Sopra Steria du 25 septembre au 4 octobre 2017, fondée sur un panel de 4 001 individus, interrogés par Internet, en France, au Royaume-Uni, en Norvège et en Allemagne, selon la méthode des quotas appliquée au sexe, à l’âge, à la profession, à la catégorie d’agglomération et à la région. »

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