Sécheresse : une urgente régulation de l’eau

Sécheresse : une urgente régulation de l’eau

 

Si le beau temps et la sécheresse ont favorisé le développement des activités touristiques pendant ce qu’on appelle la basse saison par contre, la sécheresse ajoutée à de fortes températures ont provoqué des dégâts dans l’agriculture. Environ 60 départements sont concernés par des mesures de restriction quant à l’utilisation de l’eau. Face à cette situation la France envisage d’organiser des assises de l’eau pour en examiner les dimensions conjoncturelles mais surtout structurelles. Un problème qui se pose évidemment à l’échelle mondiale. La problématique est rappelée par un article de l’OCDE-observateur :

« Pour la plupart des gens, l’eau, comme l’air, est un bien public. Pourtant, en pratique, sa gestion et sa distribution soulèvent des problèmes qui peuvent être régis par des principes économiques. L’approvisionnement en eau coûte de l’argent. En outre, bien qu’il s’agisse d’une ressource renouvelable, elle est fragile et peut être gaspillée. De l’agriculture à Essentielle pour la vie, l’eau pure est en outre vitale pour la santé humaine. Or aujourd’hui, un milliard d’individus boivent couramment une eau impropre à la consommation. La plupart des pays se sont engagés à réduire de moitié d’ici 2015 le nombre de personnes qui, dans le monde, n’ont pas accès à l’eau potable ou à des infrastructures sanitaires. Même si cet objectif est atteint (ce qui sera difficile), plus d’un demi milliard de personnes resteront privées d’eau potable, et pour plus d’un milliard d’entre elles, d’infrastructures sanitaires. La mauvaise qualité de l’eau et de l’assainissement font pourtant quelque cinq millions de morts chaque année. Rien de surprenant à cela, puisque dans les pays en développement, 90 % des eaux usées se répandent dans les fleuves et cours d’eau sans avoir été traitées. Quelque 50 pays, regroupant environ un tiers de la population mondiale manquent d’eau, et 17 d’entre eux en prélèvent chaque année plus que les cycles naturels n’en apportent. Cela a des conséquences sur les masses d’eau douce de surface, comme les fleuves et les lacs, mais aussi sur les ressources souterraines. Et la croissance démographique ne fera qu’accentuer ce phénomène. Au cours des 50 dernières années, les prélèvements mondiaux d’eau ont quadruplé tandis que la population du globe doublait. Les Perspectives de l’environnement 2001 de l’OCDE prévoient une hausse de ces prélèvements de 31 % entre 1995 et 2020. D’ici 2015, une personne sur cinq vivra dans les grandes villes, contre une sur neuf aujourd’hui, et la population urbaine des pays en développement aura doublé d’ici 2025. De nombreux systèmes urbains d’adduction d’eau méritent d’être améliorés et tous nécessitent des investissements conséquents. Mais l’usage de l’eau douce n’est pas identique partout. En Asie orientale, en Amérique latine, en Afrique et dans plusieurs autres régions, on utilise trois fois moins d’eau douce que dans les pays de l’OCDE, et cinq fois moins qu’en Amérique du Nord. On constate aussi des variations non négligeables au sein de la zone OCDE : par exemple, les États-Unis ont une consommation 10 fois supérieure à celle du Danemark ou du Royaume-Uni. Les pays développés sont aussi concernés. Il est vrai que l’accès à l’eau potable s’est généralisé et que les pays de l’OCDE ont considérablement réduit les rejets industriels et urbains dans les cours d’eau. Ils ont aussi nettoyé les fleuves et les lacs les plus pollués. Par ailleurs, dans la zone OCDE, la consommation par habitant a diminué de près de 11 % depuis 1980, ce qui laisse supposer une certaine dissociation entre consommation d’eau et croissance économique. Mais la dégradation des ressources souterraines se poursuit. La pollution chimique agricole s’est aggravée et l’on observe des contaminations aux métaux lourds et aux polluants organiques persistants. Si l’accès aux services de l’eau s’est beaucoup amélioré, les coûts ont augmenté et de nombreux pays de l’OCDE sont désormais confrontés à des problèmes financiers et d’équité. Il est donc nécessaire d’échafauder des politiques globales, à condition d’en assurer la cohérence. Par exemple, les subventions agricoles se traduisent souvent par une utilisation accrue des ressources en eau. Parfois, les efforts visant à financer, maintenir et améliorer les infrastructures des services de l’eau sont compromis par une politique tarifaire inadaptée. Des exploitations agricoles très gourmandes. Qui utilise le plus d’eau ? Les foyers ne représentent que 8 % de la consommation globale. À l’échelle mondiale, c’est l’agriculture qui est la plus gourmande en eau. Elle accapare en effet près de 69 % des prélèvements totaux d’eau douce (dont 45 % sont imputables aux 30 pays membres de l’OCDE). Mais si les besoins de l’agriculture sont appelés à augmenter, c’est l’industrie, notamment dans les pays en développement, qui devrait afficher la plus forte progression dans ce domaine. L’industrie représente 23 % des prélèvements mondiaux d’eau. Elle est le consommateur d’eau douce qui affiche la plus forte progression, avec une demande qui devrait être multipliée par deux d’ici 20 ans. Dans les pays de l’OCDE, les prélèvements industriels ont décliné en grande partie grâce aux gains de productivité. Les industries qui utilisent le plus l’eau sont le secteur de la pâte à papier et du papier, l’industrie chimique et la fabrication de produits alimentaires et de boissons. Conséquence de cette demande en hausse : la pénurie d’eau. La disponibilité mondiale d’eau douce par habitant a chuté de 17 000 m3 par an en 1950 à 7 300 m3 en 1995. Ceci s’explique évidemment par la croissance démographique, mais on assiste aussi à un déclin des ressources d’eau potable. Les eaux de surface ne sont pas seules en cause : la pénurie commence à toucher les eaux souterraines en certains endroits. Si l’on ajoute à cela le spectre de la pollution planétaire industrielle, minière et agricole, et des grands centres urbains, le tableau s’assombrit nettement. Que faire ? Dire que la volonté politique est indispensable peut apparaître comme un cliché. Mais à lire les articles qui composent ce dossier, il semble que pour parvenir à un équilibre, il faut mêler impulsion et gestion publiques, savoir-faire du marché et mise à profit des connaissances scientifique et technologique. Il faut aussi monter des partenariats entre les pays et entre les intervenants. Injecter de l’argent ne permettra pas de régler le problème, ne serait-ce qu’en raison des sommes énormes en jeu. Cosgrove et Rijsberman (voir références) estiment à US$75 milliards la facture annuelle de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement au cours des 25 années à venir – sans même compter les opérations de rénovation et de réhabilitation. Les investissements totaux pour l’approvisionnement et l’assainissement (hors investissements effectués directement par l’industrie) ont été estimés en 1995 à US$30 milliards. En d’autres termes, il faudrait multiplier cette somme par deux. Certains estiment par ailleurs qu’il faudrait ajouter entre US$14 milliards et US$30 milliards annuels aux US$30 milliards déjà alloués à cette fin pour atteindre l’Objectif de développement de l’ONU pour le Millénaire à savoir, celui de diminuer de moitié la population dépourvue d’accès à l’eau potable salubre d’ici 2015.À terme, il s’agit d’améliorer l’approvisionnement et de réduire le gaspillage tout en maintenant l’équité et l’accès à l’eau pour tous, indépendamment des revenus, de l’âge et de la géographie. Les personnes pauvres, les personnes âgées et les enfants sont en effet particulièrement vulnérables. Dans les pays les plus pauvres, un enfant sur cinq meurt avant l’âge de cinq ans, le plus souvent d’une maladie infectieuse liée à une insuffisance de la quantité et de la qualité de l’eau. Mais si l’objectif est clair, les solutions sont moins évidentes. Prenons par exemple la question de la privatisation. Dans plusieurs pays, les pouvoirs publics ont changé de rôle : autrefois détenteurs du monopole des infrastructures liées à l’eau, ils ont cédé une partie de cette prérogative au secteur privé pour se cantonner essentiellement à un rôle de régulateur et de garant. La privatisation n’est pas la panacée. Les pouvoirs publics et les autres acteurs concernés doivent s’assurer de l’existence de règles de bonne gouvernance pour attirer les investissements et promouvoir un bon gouvernement d’entreprise. Néanmoins, avec une exploitation correcte et adaptée aux besoins, le marché peut améliorer l’accès à l’eau et les infrastructures sanitaires. Même lorsque les pouvoirs publics conservent la plus grande part du contrôle de l’approvisionnement et de l’exploitation, le secteur privé peut jouer un rôle clé pour financer, construire et gérer les installations. L’eau est une ressource fragile qui est très différente, par exemple, des gisements de minerai et de pétrole. Elle est immédiatement renouvelable grâce au cycle naturel ; pourtant, si elle est gaspillée ou trop sollicitée, son renouvellement est compromis. Elle est aussi imprévisible : même dans des régions habituellement arides, les inondations peuvent faire des ravages. Et elle peut entièrement disparaître d’une région si son cycle naturel est perturbé, par exemple, par des fluctuations climatiques ou géologiques, ou une simple utilisation excessive. L’Année internationale de l’eau douce 2003 des Nations unies est l’occasion pour la communauté internationale de mesurer la gravité des problèmes qui se posent. Une bonne gestion de l’eau est dans l’intérêt de chacun. »

 

 

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