Des légumes et des fruits trop chers
La météo n’a pas été favorable à certaines productions de fruits et de légumes (trop d’humidité, trop de fraicheur puis trop de chaleur). Un prétexte pour faire vaser les étiquettes. Ce que dénonce Jacques Rouchaussé, président de la fédération Légumes de France sur France Info.
On parle aujourd’hui de melons à 5,50 euros et de 8 euros le kilo de tomates, que se passe-t-il ?
Jacques Rouchaussé : Quand j’entends ces prix je fais un bond sur ma chaise, parce qu’aujourd’hui quand on voit le prix qui est payé au niveau des producteurs on se pose quand même de réelles questions. Pour le melon aujourd’hui, ça oscille entre 40 et 60 centimes au niveau du producteur, alors quand on en voit 5,50 euros pour moi c’est inadmissible. Et puis, la tomate en ce moment, comme on est sorti de crise, elle est payée à peu près 80 centimes le kilo au niveau du producteur. Donc on voit qu’il y a quand même une déconnexion par rapport au prix réel que devrait payer le consommateur.
Comment les prix sont-ils fixés ?
On met toujours le prix sur le dos du temps, il est vrai qu’on a des produits qui sont météo-sensibles. Mais c’est surtout régi par l’offre et la demande, et dans ce domaine-là, on a des experts aujourd’hui dans la distribution qui font en sorte que la balance entre l’offre et la demande soit déséquilibrée. On a lancé un appel dernièrement en Île-de-France pour dire que ça suffit. Si le prix, au niveau du producteur, est très bas il faut également qu’il soit bas au niveau du consommateur. Parce que sinon ça ne favorise pas la consommation.
On savait que ces derniers temps, par rapport au climat, on devait avoir normalement une consommation plus importante de fruits et légumes, et quand on voit qu’on est déconnecté de la réalité, c’est ça qui nous met hors de nous. On a aussi fait des relevés de prix, et on a épinglé quelques enseignes de la grande distribution comme Auchan et Intermarché qui, parce qu’il faisait chaud et que la demande était forte, avaient gonflé leurs prix.
Pourquoi est-ce qu’on trouve aussi des fruits qui viennent d’Espagne ou de Grèce alors qu’il y a souvent des producteurs à quelques kilomètres de la ville où on fait son marché ?
Ça nous a interloqués aussi. Dans la région de Nîmes, où il y a une production de melon importante, il y a du melon marocain et espagnol. C’est totalement inadmissible. Parce que dans ces pays-là, le produit est moins cher et quand vous le retrouvez sur le marché avec ces prix défiant toute concurrence, effectivement l’intermédiaire s’en met pas mal dans les poches. Il faut rééquilibrer cela. On a aussi fait le constat qu’aujourd’hui, alors qu’on est en pleine période de production de tomates, vous trouvez des têtes de gondole dans la distribution avec des tomates polonaises. On marche sur la tête ! À un moment donné, quand le consommateur demande de l’origine France, moi j’aimerais bien que, lorsqu’il voit ces produits d’origine étrangère, il ne les achète pas.
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