Le commerce extérieur constitue le véritable baromètre de la qualité et de la compétitivité française. Un baromètre qui montre l’ampleur de la maladie. Une maladie qui depuis des années se traduit par un déficit de l’ordre de 50 à 60 milliards tandis que les Allemands dégagent à peu près 250 milliards d’excédents et 300 milliards pour la balance des paiements courants. Et les derniers chiffres tout aussi alarmants. Sur l’ensemble du premier semestre, le déficit cumulé de la balance commerciale a atteint 33,47 milliards d’euros, après 29,6 milliards au semestre précédent, selon les données publiées par les Douanes. Autant dire que le déficit annuel ne devrait pas franchement être meilleur que celui de 2017, où il avait atteint 62,3 milliards. Rien de réjouissant… surtout si l’on se compare à l’Allemagne, qui a dégagé un excédent commercial de plus 121 milliards d’euros depuis le début de l’année. Pour justifier cette dérive, le gouvernement impute le déséquilibre en cours à la hausse du pétrole. Une hausse réelle mais qui affecte la plupart des économies. Les causes sont connues. En premier le poids de la fiscalité qui tue la compétitivité sans parler des réglementations de tous ordres qui freinent l’investissement et l’initiative. En second, le fait que depuis plusieurs dizaines d’années la France a abandonné progressivement son industrie en pensant que seul le marché parviendrait à réguler ce secteur. On a abandonné tout concept de plan de développement dans chaque secteur industriel. Le mot plan était et reste tabou depuis la découverte par les technocrates de l’État des merveilles du libéralisme sauvage. En fait la France manque de tout de compétitivité, d’innovation et de structuration des réseaux. Pourtant, la situation pourrait être pire s’il n’y avait pas chaque mois le résultat des exportations d’Airbus qui viennent diminuer fortement le déficit commercial global. Or Airbus existe à égalité à peu près maintenant avec Boeing c’est précisément à la suite d’un plan de l’État élargi ensuite à plusieurs pays d’Europe. Nos produits sont moins compétitifs que ceux provenant des pays européens à plus faible coût de main-d’œuvre, comme l’Espagne notamment. Mais ils sont également moins haut de gamme que ceux fabriqués en Allemagne.Et c’est sans compter la faiblesse de la machine exportatrice française: elles n’étaient que 124.000 entreprises l’an dernier à avoir franchi les frontières contre 300.000 pour l’Allemagne. Ce sont essentiellement les grandes entreprises - et surtout dans quelques secteurs historiquement bien positionnés sur les marchés internationaux, comme le luxe ou l’aéronautique - qui parviennent à tirer leur épingle du jeu.Au total, la France perd des parts de marché dans le bal des échanges mondiaux: selon Coe-Rexecode, la part de ses exportations de biens et services dans le total des exportations de la zone euro a reculé en 2017. Elle est passée de 13,2 % en 2016 à 12,9 % l’année dernière - contre 17 % en 2000.
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