Depuis des années la CFDT a fait de sa ligne réformatrice l’axe de sa stratégie. L’objectif est de privilégier la démocratie sociale en utilisant de manière prioritaire la négociation et non le conflit. Se pose cependant un problème redoutable pour la CFDT, Macron ignore à peu près complètement les syndicats. Ils méprisent évidemment les syndicats gauchistes mais ignore aussi les syndicats modérés. Certes on a constaté quelques rares négociations positives mais le plus souvent il s’agit surtout de concertation ; le gouvernement ou ses représentants entendent les points de vue syndicaux mais n’en tiennent pas compte. Sans doute enivré par sa victoire électorale et la crise des partis d’opposition, Macron marche sur le ventre des corps intermédiaires (parlement y compris !). D’une certaine manière, ils les provoquent en annonçant par avance sa proposition finale avant toute confrontation des idées et des projets. Bref la technocratie dans son aspect le plus détestable, une technocratie étatiste de type monarchique forcément très centraliste. Si on comprend éventuellement l’intérêt de tuer ou de marginaliser les opposants politiques, il en va différemment des organisations syndicales qui ne sont pas des concurrentes politiques potentielles. Du coup la ligne réformiste de la CFDT a du mal à justifier de son intérêt. Il lui faut en effet des résultats pour se distinguer des syndicats radicalisés pour qui la lutte est plus importante que l’objet même de la grève. Macron comprendra sans doute avec le temps qu’il ne cesse de fabriquer des mécontentements partout. La condescendance, l’indifférence ou le mépris ne peuvent produire qu’à des frustrations. L’exemple le plus significatif est sans doute celui de la SNCF où on aurait pu avec une vraie négociation éviter cette grève de plus d’un mois qui aura des conséquences sociales mais aussi économiques. Le secrétaire général Laurent Berger briguera un nouveau mandat, après six ans passés à la tête de l’organisation qui est devenue en mai 2017 le premier syndicat dans le secteur privé. Si son poste n’est pas en danger, il entend réaffirmer la ligne directrice de la CFDT, “une ligne qui prône le dialogue social et la démocratie sociale comme méthode de transformation”, dans un contexte où les organisations syndicales durcissent le ton pour s’opposer aux réformes sociales du gouvernement. “Il faut qu’on puisse débattre de notre stratégie syndicale”, a-t-il dit jeudi lors d’un échange avec des membres de l’Association des journalistes de l’information (Ajis). “Le jeu des acteurs aujourd’hui fait qu’on a une absence de patronat en terme d’interlocuteurs”. Et côté gouvernement, il y a une volonté de “jouer bloc contre bloc”, de mener à “l’affrontement plutôt que d’écouter, de concerter vraiment”. La meilleure arme pour y répondre, selon lui, c’est encore l’”argumentation”. Mais le secrétaire général nie tout “raidissement” de la part de la CFDT. “S’il y a une parole forte exprimée par la CFDT, c’est que la façon de concevoir la démocratie sociale, la façon de mettre en oeuvre un certain nombre de réformes (…), ce n’est pas une méthode qui nous convient.”
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