Industrie : l’absence de stratégie
Le déficit des produits manufacturés s’est encore creusé en 2017 alors que la conjoncture est restée très favorable. Le redressement du commerce extérieur de la France constitue un véritable défi pour les années à venir. Force cependant est de constater l’absence de stratégie pour redresser l’industrie. Il ya certes un problème de compétitivité mais encore davantage une insuffisance qualitative de l’offre. Les gouvernements successifs, Macron compris, se refusent à envisager des stratégies par filières comme par le passé. , des stratégies pourtant grâce auxquels on exporte (exemple matériel de transport, aérospatial, armement, agriculture). Il y a sans doute de nombreuses raisons pour comprendre le déclin industriel de la France notamment le manque de compétitivité, la complexité des normes et des règlements administratifs, l’insuffisante productivité. Mais le pays manque depuis longtemps de vision. Par crainte de l’étatisme le mot plan est tabou et le mot stratégie n’a guère de contenu opérationnel. Le commissariat général au plan a disparu déjà depuis longtemps et il n’y a même plus de ministère de l’industrie. Quand ce ministère existait il était totalement sous la coupe de Bercy. Du coup la stratégie industrielle de la France est surtout défensive pour tenter de sauver des entreprises en difficulté par exemple comme chez Alstom, Alcatel, Arcelor plus récemment j’ai MGS ou ST X. Encore une fois c’est la crainte de l’étatisme qui a étouffé toute vision industrielle et on a confié au marché le soin de combler le vide. Une confusion évidemment car si le marché est incontournable pour réguler l’équilibre entre l’offre et la demande par contre certains projets de long terme mérite une réflexion de l’État et son soutien. Ce qui est fait par exemple au États-Unis ou les GAFA ont largement profité de la recherche militaire pour se développer, ils en profitent d’ailleurs toujours. La politique industrielle ne peut se réduire à la seule prise en compte de l’informatisation des processus de production. Le plan informatique ne peut répondre à tout. Le digital, c’est incontournable mais ne peut dispenser de stratégie par grand marché du futur. De la même manière l’allégement de la fiscalité, indispensable lui aussi, ne peut non plus seul constituer le seul vecteur du redressement industriel. Le slogan made in France manque sérieusement de contenu. Pour preuve la dégradation de l’industrie se constate y compris avec les pays de l’union européenne. Le solde commercial en produits manufacturés avec les autres pays de l’Union européenne s’est creusé de 10,7 milliards d’euros en 2017 pour atteindre -42,9 milliards d’euros. Cette dégradation repose notamment sur le creusement du déficit avec l’Allemagne de -3 milliards d’euros (à -17 milliards d’euros) avec une vraie contraction des exportations. Les exportations à destination du Royaume-Uni ont également ralenti en raison des incertitudes liées au Brexit, la dépréciation de la livre sterling et le ralentissement de la demande intérieure britannique. La baisse du solde a également concerné bien d’autres pays européens tels que l’Autriche, les Pays-Bas, l’Italie et l’Espagne.
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