L’Europe de la défense : à petite vitesse
20 milliards d’euros dans le projet de budget préparé par la Commission européenne pour la période 2021-2027, ce n’est pas rien mais c’est encore très loin de ce qui serait nécessaire uen un politique commune. C’est même assez marginal. Les budgets de la défense dans le monde ont fortement augmenté en 2016, atteignant 1 570 milliards de dollars, selon le rapport annuel Jane’s du cabinet IHS Markit, Le Royaume-Uni (3e, 53,8 milliards de dollars), la France (7e, 44,3 milliards) et l’Allemagne (9e, 35,8 milliards) conservent leurs places dans le classement, alors que le budget total des pays de l’Otan augmente pour la première fois depuis 2010. Combinés, les pays de l’Union européenne atteignent 219 milliards, soit un peu plus d’un tiers du budget américain (622 milliards), et plus que celui de la Chine (191,8 milliards). Mais cette situation ne va pas durer, selon IHS Markit : « Le budget militaire de la Chine va doubler celui de l’UE d’ici 2020, avec une projection à 232 milliards pour la Chine et 230,4 milliards pour l’UE à cette date » (cette projection pour 2020 inclut le budget britannique dans celui de l’UE, malgré le Brexit qui se profile). La Russie, de son côté, affiche une baisse de son budget pour la première fois depuis la fin des années 1990, de 51,8 à 48,4 milliards, et passe de la 4e à la 6e place. « Nous nous attendons à une nouvelle baisse du budget russe en 2017, le faisant passer derrière le budget français », affirme IHS Markit. La Chine conserve sa deuxième place (sauf si l’on considère l’UE comme un ensemble) avec 191,8 milliards. Si la tendance se poursuit, ce chiffre aura doublé en dix ans, passant de 123 milliards en 2010 à 233 milliards en 2020, d’après les projections d’IHS Markit. Face à ces budgets, le Fonds européen apparait bien modeste. Il doit permettre de financer des projets montés en coopération, »Tout cela relève du symbole plus que d’une capacité crédible« , a toutefois jugé sous couvert de l’anonymat un eurodéputé membre de la commission des budgets. L’objectif de l’Union européenne est de se renforcer en tant qu’acteur mondial, mais également de se préparer à un éventuel désengagement des Etats-Unis. L’effort financier demandé est aussi justifié par les économies potentielles. « En procédant à des acquisitions communes, nous pouvons économiser près d’un tiers des dépenses actuellement consacrées à la Défense« , soutient le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. « L’UE compte actuellement 178 systèmes d’armes différents contre 30 seulement aux Etats-Unis« , se plait-il à rappeler. « Lorsque les chefs d’Etat et de gouvernement déclarent que l’Europe doit à l’avenir se mobiliser encore plus fortement pour protéger la population et assurer sa sécurité, ils doivent traduire leurs paroles en actes, répondre aux questions par des moyens financiers concrets« , a estimé M. Juncker en février.
0 Réponses à “L’Europe de la défense : à petite vitesse”