Véhicule industriel autonome : pas avant 20 ans (Michel Parent)
Michel Parent est l’un des meilleurs spécialistes de la robotique et du transport. Explique dans les « Echos »que le véhicule industriel autonome ne sera pas opérationnel avant 2030. Ceci étant, contrairement à ce qu’affirme l’auteur, la problématique est à peu près la même que pour l’automobiles. En site propre (infrastructure spécifique) les navettes autonomes peuvent être utilisées mais sur une infrastructure banalisée les risques sont trop grands (sans parler des questions juridiques de responsabilité).
« Les innovations récentes sur les véhicules particuliers me semblent plus abouties que sur les poids lourds en environnement ouvert à la circulation. Par rapport au transport de marchandises, les avancées sont plus nombreuses dans le domaine du transport de personnes. A titre d’exemple, aux Etats-Unis comme en Europe, de nombreuses expériences portent sur les taxis autonomes en milieu urbain ; ce qui est bien plus complexe qu’un environnement autoroutier. En revanche, les véhicules industriels autonomes existent depuis des dizaines d’années en environnement fermé comme les porte-conteneurs dans les ports. Dans le domaine des poids lourds, les évolutions technologiques demandent davantage de temps avant de s’imposer. De plus, la réglementation doit évoluer pour autoriser les camions autonomes à circuler sur les routes. Les pouvoirs publics ne sont pas prêts à laisser des poids lourds circuler sans personne à bord. Cette perspective effraie davantage que la même situation pour une automobile. Un véhicule léger qui roule à vitesse lente, soit à moins de 50 km/h dans un environnement urbain, soulève moins de crainte. Si je ne le vois pas émerger dans l’immédiat, le camion sans conducteur peut s’envisager à l’horizon d’une vingtaine d’années. Ou alors, pour y parvenir plus rapidement, des infrastructures routières dédiées aux seuls camions devront se développer. Or l’aménagement de ce réseau demandera des investissements importants. Le principal frein reste le coût de ces travaux. Mais techniquement, cette solution est envisageable. Il reste aussi à faire évoluer la réglementation sur le temps de travail des chauffeurs. Si ces derniers dorment dans le camion automatisé, doivent-ils être payés ? Les dernières avancées concernent la sécurité. Les constructeurs cherchent des garanties. Pour y parvenir, ils reprennent des pratiques déjà utilisées dans l’aéronautique, comme la redondance et la certification. Pour remédier aux pannes éventuelles, il faut multiplier les capteurs, les unités de contrôle, les systèmes de freinage et de direction et développer les procédures de certification et ce, en particulier en matière de logiciel. »
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