Ehpad : crise de société et crise financière
Un rapport parlementaire reconnait clairement la crise profonde qui pose deux questions fondamentale d’abord le rapport de la société aux personnes âgées. Du fait des progrès de la médecine notamment les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses. De plus en plus âgées, elles deviennent assez souvent dépendantes et le maintien à domicile n’est pas toujours possible d’autant qu’il y a aussi une crise des conditions d’intervention du personnel à domicile. Notamment des assistantes de vie dont les conditions de travail et de rémunération sont scandaleuses. On manque cruellement de places dans les Ehpad et les couts sont insupportables pour beaucoup de résidents, le minimum est de 2000 euros par mois et souvent 3000 voire davantage (la retraite moyenne en France est de 1100 euros). Or le gouvernement a réduit globalement les aides financières. Un rapport parlementaire rendu mercredi fait donc le constat d’une “profonde crise” dans les Ehpad et préconise de doubler le ratio de soignants, à la veille d’une journée de grève prévue dans ces établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). “Les signaux faibles tenant au malaise croissant des professionnels ou à l’anxiété persistante des familles, perceptibles depuis déjà quinze ans, ont fait place à une remise en cause plus nette et largement partagée”, notent les députées Monique Iborra (La République en marche) et Caroline Fiat (La France insoumise) en introduction de ce rapport, lancé dans le cadre d’une mission parlementaire de septembre 2017. Parmi les propositions phares du texte consulté par Reuters, les députées proposent de porter le ratio de soignants à 60 employés pour cent résidents d’ici quatre ans. Elles estiment qu’il s’agit d’une “norme minimale” pour assurer que les résidents de ces maisons bénéficient d’une heure et demie de soin par jour, contre moins d’une heure actuellement, avec un taux actuel de l’ordre de 24,5 aides-soignants et 6 infirmiers pour 100 résidents. “Ce n’est pas une norme exponentielle, (..) c’est vraiment la norme minimale actuelle, qui, je l’ai appris hier avec énormément de regret et de colère, ne sera pas suivie d’effet par madame la ministre”, a déclaré mercredi Caroline Fiat, députée La France insoumise sur BFM TV. Elle dénonce par ailleurs une situation “ubuesque”: “Pour 1.900 euros, ces personnes n’ont pas de soins dignes de ce nom. Elles rentrent pour subir une maltraitance institutionnelle qui est maintenant connue et actée”, poursuit-elle, soulignant l’urgence d’une amélioration du ratio de soignants. Les deux rapporteurs sont favorables à une diminution des frais restant à la charge des pensionnaires des Ehpad. Leur rapport remis à la commission des Affaires sociales de l’Assemblée se prononce en outre pour une suspension de la réforme du financement des Ehpad décidée sous le précédent quinquennat et poursuivie par le gouvernement actuel, qui vise à faire converger d’ici 2023 les dotations entre public et privé. En clair à diminuer la dotation globale. En 31 propositions, le texte préconise en outre une revalorisation du statut d’aide-soignant, la création d’un acteur unique sur la dépendance et le développement de deux consultations de prévention de la dépendance à domicile, à 65 ans puis à 70 ans, prises en charge par l’Assurance maladie. “C’est de la rencontre entre un phénomène démographique d’une ampleur inédite et une prise de conscience insuffisante qu’est née la situation actuelle de la dépendance dans notre pays”, soulignent les députés.
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