Agriculture : trop de bureaucratie (Virginie Calmels)

Agriculture : trop de bureaucratie (Virginie Calmels) 

Virginie Calmels, la première vice-présidente des Républicains n’est en politique que depuis 3 ans mais elle a compris la musique et brosse dans le sens du  poil les agriculteurs ; Elle apprend vite et sait s’adapter au contexte politique puisqu’elle est passée de Juppé à Fillon puis à Vauquiez ; la libérale rappelle à juste titre la bureaucratie qui frappe les agriculteurs mais est très ambigüe sur la formation des prix et sur le modèle agricole « qui doit être composite ». En clair elle soutient nettement les gros producteurs intensifs. Sans condamner l’approche écolo des plus petits. Bref elle ira loin avec son sens du slalom et pourrait constituer une éventuelle remplaçante à Vauquiez trop caricatural et trop brutal.

 

Tribune dans le JDD.

« L’exploitant agricole est sans aucun doute un véritable entrepreneur du vivant : il cultive et élève, soigne et répare, compte et prévoit. Peu de métiers demandent autant de polyvalence. Certains se risquent avec parfois beaucoup de talent sur les marchés à terme. Une partie prépare, tels des champions, des bêtes d’exception pour communiquer et briller sur les foires et expositions. D’autres maîtrisent leur production de la fourche à la fourchette, transformant et vendant des produits uniques. De par la richesse de nos productions, la diversité de nos terroirs, et par des comportements singuliers, chaque agriculteur est différent, mais tous créent et entreprennent. Pour autant, un certain nombre de carcans viennent entraver l’harmonie naturelle de la Ferme France… L’agriculteur français est victime de la surcharge administrative. Il consacre en moyenne près de 10 heures par semaine pour réaliser des démarches obligatoires, à l’image des procédures MSA, de la saisie de la TVA, des déclarations PAC ou des obligations comptables et fiscales. Ce cadre contraignant prive ainsi l’exploitant de passer davantage de temps pour travailler sur son exploitation, ou pour vivre sa vie de famille. N’oublions pas qu’un agriculteur travaille en moyenne 54 heures par semaine, bien loin du temps de travail moyen du reste de la population. Les démarches administratives doivent donc être simplifiées, notamment en mutualisant l’action de nombreux interlocuteurs. Après la simplification, vient l’allègement. Pour mieux vivre de son métier, une baisse des charges fiscales et sociales est elle aussi nécessaire. Nous ne pouvons pas tolérer que l’agriculteur soit obligé d’investir, pour baisser son résultat et ainsi sa base de prélèvements obligatoires. Ce n’est pas l’augmentation de la CSG qui redonnera des couleurs à des trésoreries impactées par une série d’aléas météorologiques, conjoncturels ou sanitaires. La liberté ne s’acquiert pas que par la réduction des cotisations, elle passe aussi par la réduction des normes, pour cesser d’empoisonner le quotidien des exploitants. La réglementation doit nécessairement contribuer à la protection de l’environnement, au bien-être animal ou à la sécurité sanitaire. Mais gardons-nous de tout excès de zèle, en cultivant une liste à la Prévert pour mieux aliéner l’exploitant! Cessons également les contrôles phytosanitaires ou de certification biologique inopinés, causant stress et désillusion dans nos campagnes. De même, l’administration sait-elle mieux que l’agriculteur si un fossé doit être curé ou non, et si le vent est trop fort pour traiter sa parcelle ? N’oublions pas que la France se classe 115e sur 140 pays pour sa complexité administrative. La réglementation impacte clairement la compétitivité de notre agriculture, notamment pour les projets de construction ou d’extension de bâtiments d’élevage. Face à ces mécanismes rouillés, notre agriculture doit renouer avec le chemin de la liberté. Si les Etats généraux de l’Alimentation ont le mérite de mettre l’agriculture au cœur des débats de société, peut-on réellement parler de politique novatrice, quand le Gouvernement s’empare et dépoussière d’anciennes politiques planificatrices? Stéphane Travert annonce notamment que les prix agricoles seraient fixés selon les coûts de production des exploitants. Par ce mécanisme, les prix français s’éloigneraient des cours mondiaux, affectant considérablement notre compétitivité internationale. N’oublions pas qu’en 2016, les exportations de produits agricoles ont dégagé un excédent commercial proche de 6 milliards d’euros, et que la France reste le premier exportateur européen. Mais en rémunérant les agriculteurs par ces prix préalablement fixés, ces derniers seront-ils encouragés à maîtriser leurs coûts de production? Cette mesure phare du projet de loi alimentation ressemble fortement à un retour aux prix garantis, abolis par la réforme de la PAC de 1992. Jusqu’alors, l’Europe fixait des prix supérieurs aux cours mondiaux, entraînant une véritable surproduction. Le contribuable payait ensuite les coûts de stockage, d’exportation à bas coût vers des pays tiers, ou de destruction de ces excédents. De même, Emmanuel Macron souhaite créer une ‘pré-retraite agricole’ pour financer et encourager le renouvellement des générations. Attention à ne pas créer une dépense de plus, devant être supportée par un système de financement des retraites agricoles aux abois, avec une MSA reposant sur 2,5 fois moins de cotisants que de bénéficiaires. Cette vaste consultation citoyenne aurait dû faire preuve d’innovation pour promouvoir une agriculture libérée du joug administratif et réglementaire pesant sur les exploitants. Face à un air de déjà-vu, encourageons notamment les initiatives individuelles provenant des nouvelles technologies. Ces dernières permettent ainsi de partager du capital, des savoirs ou des données techniques, à l’image des applications de cofarming, faisant de l’agriculteur connecté un agriculteur libéré. A l’issue des Etats généraux de l’Alimentation, le gouvernement souhaite dessiner une politique agricole de la qualité et de l’excellence environnementale.  Cette volonté va dans le bon sens, toutefois, sachons reconnaître la diversité de la Ferme France, et traçons les contours d’un modèle libre et composite, sans imposer un modèle agricole unique. N’opposons pas l’agriculture bio ou les appellations de qualité avec les modes de production conventionnels. Devant une demande multiforme, traçons les sillons d’une agriculture complémentaire. »

 

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