Iran : le mécontentement monte

Iran : le mécontentement monte

La colère en Iran s’alimente de préoccupations économiques et sociales concernant en particulier la hausse des prix et le chômage . ceci étant,  la contestation qui commence à s’exprimer présente  aussi des caractères plus politiques où apparaît la contestation d’un régime totalitaire, inefficace et finalement aussi perverti que d’autres Jeudi et vendredi des manifestations contre la baisse du pouvoir d’achat ont pris, fait rare dans le pays, une tournure politique. Des rassemblements qui interviennent dans un contexte de mécontentement croissant de la population envers la politique économique du gouvernement ou, fait nouveau, l’intervention coûteuse de l’Iran dans les conflits en Syrie ou en Irak.  Vendredi, la police antiémeutes a dispersé des manifestants dans la ville de Kermanshah (ouest), rapporte l’agence de presse semi-officielle Fars, au lendemain d’autres rassemblements hostiles au président Hassan Rohani dans le nord-est du pays. Des manifestations ont également été signalées à Téhéran et dans d’autres grandes villes du pays. À Kermanshah, où plus de 600 personnes ont péri lors d’un séisme le mois dernier, 300 manifestants se sont rassemblés aux cris de « Liberté pour les prisonniers politiques » ou « La liberté ou la mort ». Des bâtiments publics ont été endommagés. À Téhéran, une cinquantaine de personnes se sont réunies sur une place, et la plupart ont accepté de quitter les lieux à la demande de la police, hormis quelques manifestants qui ont été « temporairement arrêtés », a déclaré Mohsen Nasj Hamadani, directeur adjoint de la sécurité pour la province de Téhéran. À Ispahan (centre), un habitant joint par téléphone a déclaré que des manifestants avaient rejoint un rassemblement organisé par des ouvriers d’usine pour réclamer des arriérés de salaires. « Les slogans sont rapidement passés de l’économie à des slogans hostiles au (président Hassan) Rohani et au guide suprême », a déclaré ce témoin. À Qom, fief du clergé chiite, des manifestants ont scandé des slogans hostiles à Khamenei. Jeudi, une manifestation a déjà eu lieu à Mashhad contre la hausse des prix et le gouvernement, au cours de laquelle 52 personnes ont été arrêtées. Les manifestations à caractère politique sont rares en Iran, où les forces de sécurité sont omniprésentes. Les derniers rassemblements antigouvernementaux de grande ampleur, en 2009, visaient à protester contre la réélection du président d’alors, Mahmoud Ahmadinejad. L’ayatollah conservateur Ahmad Alamolhoda, un proche d’Ali Khamenei, a réclamé davantage de fermeté contre les manifestants. « Si les services chargés du maintien de l’ordre laissent les émeutiers livrés à eux-mêmes, les ennemis publieront des vidéos et des photos dans les médias et diront que le système de la République islamique a perdu sa base révolutionnaire à Mashhad », a-t-il dit, selon des propos rapportés par l’agence Irna. Ahmad Alamolhoda a déploré que des manifestants aient selon lui profité d’un rassemblement contre la hausse des prix pour crier leur hostilité à l’engagement de Téhéran dans des causes régionales. De nombreux Iraniens estiment que leur situation économique ne s’améliore pas et dénoncent la corruption et la mauvaise gestion publique. Selon l’institut iranien de la statistique, le taux de chômage s’établit à 12,4 % sur l’année fiscale, en hausse de 1,4 point par rapport à l’année précédente. Environ 3,2 millions d’Iraniens sont sans emploi sur une population de 80 millions d’habitants.

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