Brexit : accord sur la facture de 50 milliards
Avec un quasi accord sur le montant de la facture du Brexit, la négociation a sans doute franchi un pas significatif. Restera cependant le dossier complexe de futures relations commerciales et le problème de la circulation des personnes en particulier avec l’Irlande. Concernant la facture des Britanniques avançaient que le montant devait être initialement limité à 20 milliards tandis que l’union européenne situait la somme entre 80 et 100 milliards. Il semblerait qu’on se soit désormais mis d’accord sur un chiffre qui tourne autour de 50 milliards. Il conviendra cependant de déterminer le calendrier et les modalités du paiement d’une facture qui ne sera certainement pas réglée en une seule fois par le Royaume-Uni. Enfin des difficultés non sont pas exclues du côté de l’entourage de Teresa May puisque certains comme Boris Johnson par exemple militent toujours pour une rupture brutale et sans compensation financière, bref un Brexit hard. Selon The Telegraph Britanniques et européens sont parvenus à un accord sur le règlement financier du Brexit. Le chiffre serait compris entre 45 et 55 milliards d’euros, en fonction du calcul réalisé par chaque camp d’après «une méthodologie préparée en commun». Deux sources ont confirmé au journal que les deux parties étaient tombées d’accord en fin de semaine dernière sur cette question, l’un des principaux points d’achoppement des négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Jusqu’ici, l’offre financière du gouvernement britannique se situait autour de 20 milliards d’euros, une proposition qui avait été rejetée par le président du Parlement européen Antonio Tajani, qui avait estimé que la facture s’élevait plutôt à entre 50 et 60 milliards d’euros. Selon l’AFP, la Commission européenne et le ministère britannique du Brexit (DExEU) discussions intensives entre le Royaume-Uni et la Commission européenne se poursuivent cette semaine à Bruxelles» où «nous tentons de trouver un accord», dans un bref message envoyé par email. Un tel accord représenterait un progrès très important dans les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne entamées en juin: les 27 autres pays de l’UE ont fait du règlement financier une condition préalable à l’ouverture des discussions sur la future relation entre l’UE et Londres. Bruxelles exige également des «progrès suffisants» sur la question des droits des Européens vivant au Royaume-Uni après le Brexit et sur les conséquences du divorce sur la frontière entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord.
Écriture inclusive ou comment tuer définitivement la langue française (Denise Bombardier)
Écriture inclusive ou comment tuer définitivement la langue française (Denise Bombardier)
Dans une tribune du JDD, l’écrivaine québécoise Denise Bombardier estime que écriture inclusive est la meilleure façon d’achever la langue française.
« Au Québec, quelques irréductibles ultra-idéologisés ont débarqué dans le décor pour féminiser cette langue machiste qu’est le français. Des trolls s’excitent devant cette tâche révolutionnaire sur les réseaux sociaux et deux jeunes juristes viennent de publier une Grammaire non sexiste de la langue française (M Editeur). Ils prônent une féminisation générique en soutenant que cela permettrait aux hommes d’expérimenter la discrimination que les femmes subissent depuis des siècles. Tout en regrettant que cette féminisation n’inclue pas les personnes transgenres, ce qui nécessitera une suite à leur œuvre de salubrité publique. Pendant ce temps, une majorité de Québécois francophones estiment que le vrai combat pour l’égalité des sexes passe par des actions autrement plus concrètes. Le pragmatisme anglo-saxon correspond davantage à notre culture. Le combat pour l’écriture inclusive est la meilleure façon d’achever le français. Notre langue est suffisamment accablée par l’anglomanie galopante, en France en particulier, pour qu’on ne tente pas de résister aux tirs des fondamentalistes féministes, cette excroissance pathologique du féminisme. La langue inclusive souffre de plusieurs maux, dont le premier, et non le moindre, est qu’elle ne peut être parlée sans être ridicule, enlaidie et besogneuse. Comment l’enseigner à des enfants qui peinent à écrire des mots simples ne ressemblant pas aux formules géométriques de la novlangue? Qui veut lire un texte bourré de mots comportant des points milieux tels que les « électeur·rice·s » ou les « intellectuel·le·s »? Quelques Québécoises, et je suppose quelques Françaises aussi, souhaitent aller plus loin encore en changeant le genre des mots. Le vagin, réservé aux femmes, on en conviendra, devrait se dire « vagine » et le clitoris « clitorisse ». On n’arrête pas le progrès. On ne peut pas créer un genre neutre en français, mais les Québécois ont réglé depuis longtemps le problème. Peu importe ce qu’en pensait l’Académie française, le mot « écrivaine », par exemple, a été adopté en douceur. « Mais le ‘vaine’ de l’écrivaine ne vous ennuie pas? », m’a demandé un jour un intellectuel germanopratin, foulard de soie au cou. « Pas plus que le ‘vain’ de l’écrivain ne vous agace », ai-je répondu. Ce débat sur l’écriture et l’académisme de la langue est réservé au Québec à de petites chapelles. On dirait, dans notre langue, qu’il n’a rien pour nous exciter le poil des jambes. Le vrai combat demeure la protection du français face à la langue anglaise. Depuis des décennies, l’anglicisation s’est glissée insidieusement dans l’esprit des nouvelles générations. Chez les chanteurs français, en particulier, qui chantent en anglais mais pour un public français puisqu’ils n’arrivent pas à faire carrière aux Etats-Unis. Céline Dion est la seule francophone à s’être imposée sur la planète entière. Chaque génération cherche à s’émanciper de la précédente. Le féminisme, cause noble et juste, est revendiqué par ceux qui souhaitent créer le buzz, comme disent les réseaux sociaux. Déconstruire le français, le désexer pour parler dru, est la dernière nouveauté. Elle correspond à notre monde d’apparences, elle a des relents de vertu et de rectitude politique. Tous ces éléments qui nous donnent bonne conscience révèlent notre impuissance à résoudre les problèmes graves auxquels nous faisons face. En nous déchirant sur les mots plutôt qu’en renversant les inégalités entre hommes et femmes, l’on s’illusionne et se distrait. Une philosopheuse, une rectrice ou une « vagine » sont des hochets pour enfants. Ils maintiennent les femmes dans une fausse autonomie. C’est en occupant les fonctions jadis réservées aux hommes que les femmes se libèrent. Le vocabulaire suivra. »