Mettre fin à la nomenklatura mutualiste (Denis Samuel-Lajeunesse)

Mettre fin à la nomenklatura mutualiste (Denis Samuel-Lajeunesse)

Denis Samuel-Lajeunesse,  ancien président de la Lyonnaise de Banque et ancien directeur général de l’Agence des participations de l’Etat,  dénonce l’hypocrisie des banques mutualiste concernant leur opposition à la taxe sur les dividendes qui les affectent aussi.  Le crédit agricole et d’autres banques « mutualistes » crient  au loup à propos de la taxe destinée à remplacer la taxe sur les dividendes annulée par le Conseil d’Etat. Et avec des arguments qui prêtent à rire ou plutôt à pleurer : « En réalité c’est un transfert injustifié, au bénéfice des groupes qui préfèrent investir à l’étranger et au détriment des entreprises qui opèrent en France, y investissent, y créent des emplois et y font des bénéfices », critique notamment  Dominique Lefebvre, le président de la Fédération nationale du Crédit Agricole. Or le Crédit agricole est devenu une  banque internationale comme les autres et il y a longtemps que les agriculteurs ont été dessaisis de leur pouvoir sur un organisme qui a été détourné de son objet au profit d’oligarques agricoles.     .

Extrait de la tribune dans les Echos

«  Les bras m’en sont tombés.   Une première fois en lisant qu’ils devraient être exemptés de la surtaxe d’impôt sur les sociétés au prétexte qu’ils ne distribuent pas de dividendes et qu’ils seraient les parangons de l’investissement et de l’impôt en France ; une deuxième fois en observant les commentaires approbateurs de tous les obligés de ces messieurs, maires, députés, sénateurs, journalistes.  Ce serait donc une vertu que de ne pas distribuer de dividendes, cela reste évidemment à démontrer, et d’ailleurs nombre d’économistes pensent que la redistribution du capital facilite le développement de nouvelles entreprises et la modernisation de l’économie.  Surtout, il est affligeant d’entendre ces affirmations de la part de privilégiés qui ne versent pas de dividendes parce qu’ils ont un accès quasi illimité à une forme de capital quasi gratuit – les parts de sociétaires. Ce mécanisme sympathique pour nos vertueux mutualistes a plusieurs défauts : il représente une distorsion de concurrence vis-à-vis de ceux qui doivent réellement rémunérer le capital et il abuse de la bienveillance des sociétaires qui reçoivent un intérêt minimum sur des parts sociales fixes jamais réévaluées à proportion de la croissance de ces banques. Enfin, les intérêts de ces parts sociales sont des charges déductibles et donc amoindrissent l’impôt sur les sociétés de nos bons apôtres : qu’ils doivent s’acquitter de la surtaxe temporaire d’IS est donc un « petit retour des choses ». Le concert d’approbations qui a suivi cette tribune insolente m’a surpris dans un premier temps, jusqu’à ce que je me rappelle la puissance des réseaux mutualistes. Notamment auprès des élus locaux, députés, sénateurs, choyés par les mutualistes qui leur financent souvent des projets à la rentabilité discutable. Ces banques mutualistes seraient vertueuses par nature, n’investissant qu’en France, y soutenant l’investissement et l’emploi, belle thèse également. Le font-elles plus que les banques classiques ? Cela n’est pas démontré. Ont-elles évité les errements des pertes des salles de marché ou les mésaventures à l’international ?  Je n’aurai pas la cruauté de rappeler la liste de leurs déboires ou la façon dont l’Etat a dû organiser le sauvetage des Caisses d’Epargne et Banques Populaires en 2008. Sans l’impudence de cet article, je me serais tu. Le métier de banquier que j’ai exercé est difficile et, globalement, les banques françaises, tant capitalistes que mutualistes, s’en sont beaucoup mieux sorties que leurs consoeurs étrangères de beaucoup de pays.  Il reste la question de la pertinence du modèle mutualiste, que ce soit dans la banque ou l’assurance : beaucoup de vertus mais aussi quelques vices que je viens de rappeler. Surtout, ce qui frappe quand on observe ces groupes, c’est l’absence de contre-pouvoir face aux dirigeants de ces groupes bien au chaud entre eux. J’avais proposé en 1997 que soit ouverte une réflexion sur la démutualisation de ces groupes afin de restituer aux sociétaires et titulaires de parts sociales l’argent qui leur revient et que capture la nomenklatura mutualiste. Ce sont ainsi nos compatriotes souvent les moins bien pourvus qui retrouveraient un peu de capital et de pouvoir d’achat. Que l’on ne s’y trompe pas, outre un changement de gouvernance bienvenu, une telle réforme aurait des effets macroéconomiques favorables pour notre pays. »

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