Routiers: accord entre syndicats et patronat
Un accord a été trouvé entre les organisations patronales et les organisations syndicales de salariés à propos des primes. Les primes de déplacement et de nuit feront désormais partie intégrante des salaires minimaux des routiers, domaine du Code du travail qui, selon les ordonnances, ne peut être négocié qu‘au niveau de la branche. Elles ne pourront donc pas être revues à la baisse par des accords d‘entreprise, comme le craignaient les organisations syndicales, qui réclament le maintien des prérogatives des branches alors que le nouveau Code du travail accorde la primauté aux accords d‘entreprise sur ces thèmes. “C‘est une utilisation habile de la loi. La branche a utilisé le levier dont elle disposait pour reprendre le dessus sur ce thème”, a estimé Virginie Devos, associée au cabinet d‘avocats August Debouzy. Un avis que partage Guy Groux, directeur de recherches associé au Cevipof de Sciences Po. “On a une adaptation des accords de branche par rapport aux accords d‘entreprise et c‘est ce que souhaitait le gouvernement”, a-t-il dit à Reuters. Du côté des gauchistes aussi bien à la CGT qu’à FO on en tire la conclusion qu’il est possible de contourner les ordonnances. Notons cependant que la rémunération des routiers présente un caractère spécifique eu égard à l’importance des primes. En réalité il serait impossible de recruter des chauffeurs-routiers notamment de longue distance sans l’existence de ces primes. En effet les chauffeurs-routiers seraient rémunérés autour du SMIC. Ces primes sont en réalité un élément constitutif du salaire. Dans d’autres branches, il est très rare que les primes atteignent une telle somme, il est tout aussi rare que ces primes constituent un élément déterminant pour le choix d’un métier. Pour Jean Grosset, directeur de l‘observatoire du dialogue social de la fondation Jean Jaurès et ancien secrétaire général adjoint du syndicat UNSA, le gouvernement n‘avait effectivement que peu d‘options à sa disposition. “Le fait d‘arriver à un accord entre patronat et salariés, c‘est une réussite de dialogue social. C‘est précisément le message que le gouvernement veut faire passer. Il devait l‘accepter”, a-t-il dit à Reuters. Pour l‘ancien syndicaliste, “il aurait été trop risqué d‘aller à l’épreuve de force” sachant que les organisations syndicales de routiers disposent d’“un moyen de pression terrible” en bloquant les transports.
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