Manif 12 septembre : un test pour Macron et la CGT
Cette manif du 12 risque de constituer un test de vérification de la légitimité respective des positions d’une part de Macron, d’autre part de la CGT. Si la manifestation est mobilisatrice, en clair si elle rassemble au moins de 500 000 manifestants en France ce sera considéré comme un échec pour la CGT et les autres syndicats protestataires et cet échec hypothèquera les manifestations ultérieures y compris celle de Mélenchon qui pourrait alors être renvoyé à son rôle de contestataire marginal. À l’inverse la crédibilité de Macon risque d’être entamée si cette manifestation est relativement bien suivie. Le mécontentement ainsi exprimé s’ajouterait à la baisse de popularité du chef de l’État qui, quoi qu’il en dise, devrait en tenir compte dans la rédaction finale des ordonnances. Il n’est pas certain cependant que la CGT réussisse à mobiliser car les syndicats paraissent relativement divisés. Nombre de syndicats ne veulent pas suivre la CGT dans sa posture traditionnelle d’opposants à toute réforme. S’il veut désamorcer la mobilisation, le chef de l’État devra sans doute un peu rééquilibrer le contenu de sa réforme orientée vers davantage de flexibilité pour les entreprises. Une flexibilité qu’on peut comprendre pour permettre un meilleur ajustement du marché du travail aux mutations économiques en cours mais qui devrait être davantage équilibrée par des mesures en faveur des salariés et de leurs représentants. De ce point de vue, la grande lacune du projet concerne sans doute l’impasse faite sur les modes d’association des salariés et de leurs représentants à la gestion des entreprises. Une association qui aurait permis d’abord de relever le niveau du débat social en France aussi de désamorcer un climat par trop conflictuel dans le pays faute de compréhension des enjeux. De ce point de vue, Macron a manqué le virage de la cogestion à l’allemande qui se caractérise par un souci permanent du compromis gagnant-gagnant. Un échec du mouvement de la CGT et autres syndicats contestataire aura forcément aussi des conséquences sur la manif de Mélenchon du 23 septembre. La prétention de Mélenchon à combattre ce qu’il appelle un coup d’État ressemblera à une promesse d’opérette et le renverra à une posture de gauchiste marginale. De ce point de vue Mélenchon joue encore plus gros que la CGT, il a placé la barre plus haut avec en clair la perspective de renverser le régime dont il conteste même la légitimité démocratique. Il est probable que Mélenchon aura bien du mal à réunir 100 000 manifestants en France soit cinq fois moins de ce que peut attendre de la CGT. Pour Emmanuel Macron, la séquence n’est pas anodine, après « un été difficile en matière de sondages » sur sa popularité, relève le politologue Jean-Daniel Levy (Harris Interactive). « Le sentiment que la réforme n’est pas juste commence à s’installer, ce qui n’est pas un bon signe » pour Emmanuel Macron, relève de son côté Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. L’enjeu, selon lui, est « de ne pas céder en début de quinquennat, pour ne pas donner un mauvais signe à son électorat ». Mais il doit aussi être « vigilant » pour que la fronde ne se transforme pas en une « contestation globale de l’action de l’Etat ».