STX: vers un Airbus de la construction navale ?
C’est la proposition du ministre de l’économie qui ne pense pas que la nationalisation puisse être une solution durable. Il faut faire »un grand champion de l’industrie navale européenne », déclare Bruno Le Maire dans une interview publiée dans le Journal du Dimanche (JDD). Une solution sans doute cohérente d’abord parce que les italiens sont des clients importants d’STX ensuite parce qu’il faut ménager l’Italie où la France ne cesse de prendre des participations financiers. La balance est en effet très déséquilibrée. Sur les cinq dernières années, les investissements français dans des entreprises italiennes ont atteint 36 milliards d’euros. Dans le même temps, les Italiens ont réalisé pour seulement 3 milliards d’acquisitions en France. Exemples, Le géant du luxe LVMH, déjà propriétaire de Fendi ou Pucci, vient de s’offrir le joaillier romain Bulgari pour 3,7 milliards d’euros ou encore Bolloré qui prend le contrôle de Telecom Italia. Du coup il faudra nécessaire négocier avec l’Italie pour un partage du capital de STX. Le ministre de l’Economie et des Finances doit ‘ailleurs se rendre mardi à Rome pour relancer les négociations avec le ministre de l’Economie italien Pier Carlo Padoan et son homologue de l’Industrie Carlo Calenda, qui ont qualifié de « grave et incompréhensible » la nationalisation temporaire des chantiers navals de Saint-Nazaire, annoncée jeudi. « C’est un geste d’ouverture que fait le président de la République », explique Bruno Le Maire dans les colonnes de l’hebdomadaire dominical. « Jusque-là, on partait sur une base de coopération dans le secteur industriel civil: la réalisation de paquebots de plaisance pour résumer. » Maintenant « nous disons à nos amis italiens : regardons aussi ce que nous pouvons faire dans le secteur militaire, dans les navires de surface précisément, et bâtissons un grand champion de l’industrie navale européenne », ajoute-t-il. Un tel scénario permettrait de faire d’une pierre deux coups. Paris protégerait ses intérêts stratégiques dans STX France, partenaire de Naval Group (ex-DCNS) pour la fabrication de grosses coques de frégates et porte-avions ; la France doterait l’Europe d’un embryon d’Airbus du naval civil et militaire, sur une base franco-italienne. À l’instar d’Airbus, créé sur une alliance franco-allemande dans l’aéronautique, avant de s’ouvrir à l’Espagne et au Royaume-Uni. Bruno Le Maire, qui veille depuis jeudi à ne pas prononcer le mot de nationalisation – alors que l’Etat possède désormais 100% de STX France, après avoir exercé son droit de préemption sur les deux tiers du capital acquis au printemps par Fincantieri auprès de sa maison-mère sud-coréenne en difficulté – prévient que « s’il n’y a pas d’accord, nous en resterons à la situation actuelle et nous chercherons d’autres repreneurs ».
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