La balance est en effet très déséquilibrée. Sur les cinq dernières années, les investissements français dans des entreprises italiennes ont atteint 36 milliards d’euros. Dans le même temps, les Italiens ont réalisé pour seulement 3 milliards d’acquisitions en France. Le géant du luxe LVMH, déjà propriétaire de Fendi ou Pucci, vient de s’offrir le joaillier romain Bulgari pour 3,7 milliards d’euros. Alors que le luxe italien occupe une part comparable sur le marché mondial à celle des acteurs français, le secteur, dominé par des joyaux familiaux (Armani, Prada, Ferragamo…), n’a pas su faire émerger de groupes cotés en Bourse capables de rivaliser avec les champions tricolores LVMH ou PPR (famille Pinault), propriétaire de Gucci et Bottega Veneta. Les mouvements inverses sont beaucoup plus modestes. La famille Borletti, actionnaire des grands magasins Rinascente, a racheté Le Printemps aux Pinault, avec le soutien majoritaire de financiers. Le patron du chausseur Tod’s, Diego Della Valle, a relancé la petite marque française Roger Vivier. Il a aussi investi au capital de l’enseigne américaine Saks. C’est d’ailleurs l’une des rares figures du capitalisme transalpin qui aspire encore à jouer un rôle de consolidateur. Il s’est récemment positionné comme un recours face à Vincent Bolloré qui détient 5% du géant bancaire Mediobanca. L’homme d’affaires breton, également actionnaire et vice-président de l’assureur Generali, vient de jeter un pavé dans la mare en refusant d’en approuver les comptes, dénonçant leur manque de transparence, ce qui a été perçu comme un exemple de l’arrogance française. La défense de l’italianité peine toutefois à émerger. Il y a deux ans, le sauvetage de la faillite d’Alitalia par Air France avait suscité une levée de boucliers incarnée jusqu’au sommet de l’État par Berlusconi. Or, dans ce cas comme dans les autres, le patronat italien n’a pas su élaborer d’alternative.
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