STX : une nationalisation hypothétique
Pour peser sur le repreneur italien afin qu’il accepte une meilleure répartition du capital ; la France menace de nationaliser l’entreprise. Certes STX est une entreprise en bonne santé financière bien que sa rentabilité soit faible (ce qui explique le prix d’acquisition limitée à 80 millions). En outre le carnet de commandes est bien rempli et l’entreprise possède un savoir-faire technique indiscutable au plan international. Pour autant les Italiens ne sont pas sans arguments car actuellement la France se montre très offensive pour multiplier les acquisitions dans tous les domaines en Italie, de l’agroalimentaire aux infrastructures en passant par les lunettes, le luxe, la finance ou les télécommunications. Pour beaucoup, il s’agit d’entreprises considérées comme des fleurons du Made in Italy. Ces dix dernières années, les entreprises françaises ont déboursé environ 50 milliards d’euros pour acquérir des sociétés italiennes, selon KPMG. Régulièrement l’offensive des Français est vivement critiquée par les milieux économiques et la presse du pays. Tour d’horizon des récentes opérations d’envergure. Premier actionnaire de Telecom Italia avec 23,94 % de son capital, Vivendi détient depuis mai dernier les deux tiers des sièges au conseil d’administration de l’opérateur. En janvier dernier Essilor, géant mondial des verres, et Luxottica, celui des montures (propriétaire de Ray Ban) ont annoncé leur intention de se marier. Le nouvel ensemble pèsera 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires et environ 15% du marché mondial de l’optique. Coté à Paris, le futur Essilor Luxxottica y aura aussi son siège. Ce qui a plongé l’Italie dans le doute. Le patron de Luxottica, Leonardo Del Vecchio, a d’ailleurs dû intervenir pour rassurer ses salariés: sa holding sera «à long terme l’actionnaire principal du nouveau groupe et si lui-même venait à se retirer avant trois ans, des clauses contractuelles prévoient que son poste de PDG «revienne à un homme de Luxottica». Amundi, le géant français de la gestion d’actifs, filiale du Crédit agricole, a mis la main sur Pioneer Investments, filiale de la banque italienne UniCredit. Annoncé en décembre, ce rachat, pour plus de 3,5 milliards d’euros doit permettre au groupe français de se hisser au huitième rang mondial du secteur, avec un total d’environ 1300 milliards d’euros d’actifs sous gestion. Le secteur bancaire est aussi actif. BNP Paribas a racheté BNL en 2006 et, l’année suivante, Cariparma devenait une filiale du Crédit agricole. L’influence française est aussi présente dans le monde des assurances: en 2007, AXA a repris MPS Assicurazioni Vita. Par ailleurs, le Français Philippe Donnet a pris la tête l’an dernier de Generali après avoir dirigé depuis 2013 les activités italiennes du premier assureur transalpin. Et Jean-Paul Mustier, ancien dirigeant de la Société générale, a pris les rênes d’Unicredit. Les sociétés de luxe ne sont pas en reste. En 2011, LVHM a déboursé 4,3 milliards d’euros pour finaliser l’acquisition de Bulgari, maison fondée en 1884 et basée à Rome. Le groupe de luxe détient aussi notamment les marques Fendi, Berluti, Acqua di Parma, Bulgari et Emilio Pucci. Quand au groupe Kering, il détient Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga. En 2011, Lactalis a pris le contrôle de l’italien Parmalat (ayant alors un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros et 14.000 salariés) pour 3,4 milliards d’euros. Cette opération a propulsé le français au rang de numéro un mondial du lait et du fromage, devant Danone et Nestlé. L’hiver dernier le géant laitier a lancé une OPA sur les 12% du capital de Parmalat qu’il ne détenait pas encore. Il n’est cependant pas parvenu à atteindre les 90% de sa filiale italienne et n’a pas pu la retirer de la Bourse. . Quatre ans après, le groupe français a décidé de passer à l’offensive en Italie. Edison représente 15,6 % du chiffre d’affaires d’EDF (11,3 milliards d’euros en 2015) et 7,6 % de son résultat brut d’exploitation (1,3 milliard d’Ebitda). En parallèle, Engie anciennement GDF Suez, s’est emparé de nombreuses entreprises locales. L’Italie possède donc des arguments sérieux pour contester la position protectionniste de la France. Au final tout cela devrait se terminer par un compromis permettant quand même d’assurer une position de blocage de la France dans le capital de STX.
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