Hinkley Point EDF : nouveau dérapage
EDF a annoncé lundi estimer désormais à 19,6 milliards de livres sterling – 22,3 milliards d’euros environ au cours actuel – le coût à terminaison de la future centrale nucléaire britannique d’Hinkley Point, en hausse de 1,5 milliard, le projet risquant en outre de subir des retards. Comme déjà supposé, la centrale nucléaire devrait donc enregistrer un dérapage des coûts. Un dérapage toutefois à relativiser d’après certains experts dans la mesure où cette centrale est construite pour une soixantaine d’années.=. La Grande-Bretagne, la France et la Chine ont signé en septembre dernier le contrat de construction de deux réacteurs, un projet initialement évalué à 18 milliards de livres (environ 21 milliards d’euros), après de longues négociations parfois tendues. Samedi, Le Monde a fait état d’une « revue de projet », dont les résultats devraient être communiqués au comité stratégique et au conseil d’administration d’EDF en juillet ou après l’été. « Les premières conclusions, non retraitées ni soumises à discussion contradictoire, indiquent qu’il y aura bien un dérapage financier qui pourrait être imputable à la dérive du calendrier, indiquent plusieurs sources proches du dossier », écrit le journal. « Un dérapage chiffré entre 1 milliard et 3 milliards », précise encore Le Monde, qui évoque un démarrage de la centrale « sans doute pas avant 2027″. EDF, pour qui Hinkley Point représente un enjeu majeur sur le plan financier, est appelé à détenir 66,5% du projet tandis que le chinois CGN investit six milliards de livres pour en acquérir 33,5%. Le taux de rentabilité prévisionnel (TRI) du projet, qui prévoit deux réacteurs nucléaires de type EPR, est ainsi désormais estimé pour EDF à environ 8,5% contre environ 9% initialement. L’agence de notation Moody’s a estimé que les annonces d’EDF avaient « une incidence négative » sur le profil de crédit du groupe. Ces annonces illustrent aussi les risques que posent, pour EDF et son partenaire China General Nuclear Power Corporation (CGN), la construction de cette centrale et la nécessité d’assumer les conséquences financières d’une très longue phase de construction durant laquelle cet investissement ne génère pas de trésorerie, a ajouté Moody’s. Après des mois de négociations tendues, la Grande-Bretagne, la France et la Chine avaient signé en septembre 2016 le contrat de construction par EDF et le chinois CGN du projet Hinkley Point. Une partie des syndicats d’EDF avaient demandé le report du projet Hinkley Point en estimant qu’il mettait en péril les finances de l’entreprise. Le groupe français, qui détiendra 66,5% de la nouvelle centrale d’Hinkley Point au côté de CGN (33,5%), avait indiqué en mai 2016 que le projet comprenait une marge pour « scénarios extrêmes » qui pouvait augmenter son coût de 2,7 milliards de livres. Hinkley Point est considéré comme un projet clé pour relancer la filière nucléaire française à l’international. Quatre réacteurs de type EPR du groupe Areva sont en construction dans le monde : un en France à Flamanville (Manche) et un en Finlande, qui connaissent d’importants retards et surcoûts ; et deux en Chine, dont un au moins devrait être cette année le premier du genre à entrer en service. La nouvelle centrale d’Hinkley Point, la première qui sera mise en chantier en Europe depuis la catastrophe de Fukushima en 2011 et la première en Grande-Bretagne depuis 1995, devrait produire suffisamment d’électricité pour environ six millions de foyers pendant une durée estimée à 60 ans. En vertu d’un contrat conclu avec le gouvernement britannique, EDF bénéficiera d’un tarif garanti de rachat de l’électricité qui sera produite par la nouvelle centrale d’Hinkley Point, à 92,5 livres (105,4 euros) par mégawatt/heure pendant 35 ans. Ce prix, nettement supérieur aux prix de marché actuels, est garanti dans le cadre d’un mécanisme (« contract for difference ») prévoyant qu’EDF recevra un paiement complémentaire lorsque le prix de marché sera inférieur au tarif et qu’il devra rembourser un trop-perçu lorsque le prix du marché dépassera ce tarif.
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