Des dizaines de Perturbateurs endocriniens: dans les cheveux d’enfants
Les résultats, publiés dans son magazine « 50 millions de consommateurs » en kiosques ce jeudi, montrent que des polluants ont été détectés dans les cheveux de tous les jeunes participants: 23 à 54 molécules ont été retrouvées selon les enfants (34 en moyenne). Des résultats qui « suggèrent fortement » que les petits Français sont « tous contaminés », s’alarme le magazine. L’impact des innombrables produits chimiques dans le secteur agro alimentaire est contesté par les industriels. Des industriels qui exercent une énorme pression sur Bruxelles pour obtenir une réglementation à minima de ces perturbateurs endocriniens susceptibles de dérégler le système hormonal et à l’origine de nombreuses pathologies. Du coup près de cent scientifiques européens et américains avaient dénoncé, mardi 29 novembre, les « intérêts industriels » qui « déforment délibérément des preuves scientifiques » pour empêcher la mise en place, par cette instance européenne, d’une réglementation visant à limiter l’utilisation des perturbateurs endocriniens. « Le projet d’établir une réglementation de ce type dans l’Union européenne est activement combattu par des scientifiques fortement liés à des intérêts industriels, produisant l’impression d’une absence de consensus, là où il n’y a pourtant pas de controverse scientifique », estiment les signataires d’une tribune publiée par Le Monde. Des scientifiques qui accusent les lobbys de déformer délibérément des preuves scientifiques pour créer une fausse impression de controverse – et régulièrement utilisée lorsque des découvertes scientifiques touchent « de puissants intérêts industriels », soulignent les scientifiques. Les précédents de l’industrie du tabac, du secteur agrochimique ou du réchauffement climatique ont « retardé des actions préventives et eu de graves conséquences pour la santé des populations et l’environnement », avertissent-ils. Selon eux, « la très grande majorité des scientifiques activement engagés dans la recherche des causes [de l'augmentation des maladies en lien avec le système hormonal] s’accordent pour dire que plusieurs facteurs y contribuent, dont les produits chimiques capables d’interférer avec le système hormonal », appelés perturbateurs endocriniens. Alors que la « seule solution » pour enrayer ces effets est de « prévenir l’exposition aux produits chimiques à l’aide d’une réglementation plus efficace », les signataires se disent « préoccupés par les options réglementaires que propose Bruxelles ». La publication de cette tribune était intervenue alors que l’Union européenne peine à se mettre d’accord sur une définition des perturbateurs endocriniens, qui doit permettre d’encadrer leur utilisation. Avec plus de deux ans de retard, la Commission a proposé, en juin, une définition qui qualifie de « perturbateur endocrinien » toute substance ayant des effets indésirables sur la santé et sur le système hormonal, et dont le lien entre les deux est prouvé. Cette proposition « requiert un niveau de preuve bien plus élevé que pour d’autres substances dangereuses, comme celles cancérigènes. Dans la pratique, il sera très difficile de reconnaître une substance dangereuse comme perturbateur endocrinien », avertit la tribune. Ses signataires appellent à la constitution d’un groupe d’experts placés sous les auspices de l’ONU, à l’instar du Giec créé pour l’étude du climat, pour « mettre la science à l’abri de l’influence des intérêts privés ». « Aux très hautes autorités d’arrêter de jouer les poules mouillées et d’imposer des règles. (…) Et rappelons que la meilleure pression vient des consommateurs, capables de refuser d’acheter des produits non vertueux », interpelle la rédactrice en chef du magazine « 50 millions de consommateurs »Sylvie Metzelard dans son éditorial, évoquant les risques de ces substances pour le développement et la fertilité.
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