» Recul de la France en Europe » (VGE)
Valéry Giscard d’Estaing constate que la France n’occupe plus de place stratégique dans la direction de l’Europe et que cela correspond à l’affaiblissement de l’adhésion au concept de l’union partout y compris en France ; d’une certaine manière une critique forte des mandats de Chirac, Sarkozy et Hollande. Interview JDD.
Alors que les Britanniques s’apprêtent à déclencher l’Article 50 qui permet d’ouvrir les négociations sur le Brexit, neuf mois de réflexion n’ont pas permis d’aboutir à un véritable plan de relance de l’UE. Est-ce trop tard? Quel est votre bilan européen de ces cinq dernières années?
Puisque l’on commémore le Traité de Rome, il faut se souvenir qu’il n’y a que six Etats qui l’on signé : la France, l’Allemagne, l’Italie et les trois pays du Benelux. Ce sont les pays fondateurs sans lesquels l’Europe n’existerait pas ! Et lorsque l’on parle aujourd’hui d’Europe, on parle de deux réalités différentes : l’Europe à 28 et la Zone Euro. L’Europe à 28 résulte du grand élargissement qui a suivi la dislocation de l’Empire soviétique. Il a été mal préparé et les adaptations nécessaires n’ont pas été faites, ce qui a abouti à une Union incapable de décider comme on l’a vu dans la crise de l’immigration. Si l’Europe à 28 ne se réforme pas, elle n’aura pas d’avenir et on le vérifiera lors des prochaines élections européennes. L’autre Europe, c’est celle de la Zone Euro. Moins nombreuse, avec 19 membres, elle gère une monnaie devenue mondiale, l’euro, dont aucun de ses membres n’acceptera de se séparer. C’est elle qui porte désormais la flamme du projet européen. A l’exception de l’euro, le bilan de ces 5 dernières années est piteux. On a assisté à un recul de la France en Europe : elle n’y exerce plus aucune présidence. Il est loin le temps où notre pays présidait le Parlement avec Simone Veil, la Commission européenne avec l’excellent Jacques Delors, et la Banque centrale avec Jean-Claude Trichet. Maintenant, plus rien, sauf du bavardage !
L’Eurobaromètre de la Commission indique la permanence d’une contradiction : les citoyens européens ont confiance en l’Europe, veulent garder l’Euro, souhaitent que l’Europe en fasse plus sur les questions d’immigration, de sécurité et de chômage mais ils votent peu aux élections européennes. Que faire pour les séduire à nouveau?
Vous me dites que les citoyens européens ont confiance en l’Europe et qu’ils veulent garder l’euro. Cela montre bien qu’ils ont toujours foi en elle mais qu’ils en attendent davantage. S’ils ne se déplacent plus aux élections, c’est qu’ils voient bien que l’Europe à 28 fonctionne mal, et qu’ils ont le sentiment de ne pas être entendus. En introduisant plus de démocratie, de proximité et de transparence dans la gestion de la Zone Euro, on changera les choses. On peut séduire les peuples par la mise en œuvre d’un ou deux projets concrets dont ils ressentiront directement l’impact : après l’Euro, l’égalité fiscale. La même monnaie et les mêmes impôts à Berlin, Madrid et Rome… Une fois cette zone d’égalité fiscale mise en place, comme pour l’euro, personne ne voudra revenir en arrière.
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