Fillon le balafré : « combattant ou escroc » ?
Vocabulaire de guerre pour Fillon dans son dernier meeting et qui se considère comme un combattant balafré face à ses adversaires. Combattant qui n’aurait pas appris la vie dans les livres, bref un vrai patriote qui a mis sa vie en danger. Une métaphore sans doute un peu excessive quand on sait que les seules guerres menées par Fillon sont des batailles politiques qui ne méritent pas vraiment le statut d’ancien combattant. En réalité, il a toujours vécu de la politique. Il mérite encore moins le titre de balafré car les blessures qu’il évoque sont des blessures d’amour-propre, Fillon a en effet été pris en flagrant délit d’imposture, un flagrant délit qui laisse des traces. En effet, c’est précisément parce qu’il avait adopté la posture de l’homme intègre qu’il reçoit aujourd’hui autant d’attaques concernant ses dérives financières pour détournement de fonds publics et abus de biens sociaux. Des détournements qui dépassent 1 million d’euros. Une paille évidemment pour ce hobereau de l’ancien régime auquel on reproche aussi de s’être fait payer pour 50 000 € de costumes et qui répond avec la morgue de l’ancien régime : « et alors ? » Toute la morgue de l’intéressé et dans cette réplique. Il faut évidemment y ajouter le salaire fictif de. Penelope Fillon, rémunérée pendant huit ans comme attachée parlementaire de son mari ou du suppléant de celui-ci à hauteur d’environ « 500.000 euros brut » au total, ainsi que par la Revue des deux mondes. D’après « ses feuilles de paie », Penelope Fillon aurait été rémunérée de 1998 à 2002 par son mari, député de la Sarthe, sur l’enveloppe réservée à cet effet pour les députés et les sénateurs. Après avoir évoqué la somme de « 500.000 euros brut » la semaine dernière, Le Canard Enchaîné chiffre désormais à 831.440 euros brut la somme perçue par Penelope Fillon comme assistante parlementaire de son mari ou de son suppléant, Marc Joulaud. Les rémunérations ne concernent pas seulement les périodes de 1998 à 2002, de 2002 à 2007, ainsi que 2012, comme écrit la semaine dernière par l’hebdomadaire, mais aussi les années 1988 à 1990, ainsi que 2013.
Dans Le Journal du Dimanche, François Fillon expliquait qu’étant devenu député de Paris, il « pensait qu’elle pourrait maintenir le lien avec la Sarthe mais cela n’avait plus le même sens ». Pourquoi avoir mis 18 mois pour s’en apercevoir ? s’interroge Le Canard Enchaîné, en soulignant que le contrat de travail de Penelope Fillon avait été rompu un mois juste avant l’entrée en vigueur de la loi Cahuzac, qui lui aurait imposé de déclarer les revenus de son épouse à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. L’épouse du candidat de la droite a également perçu quelque 100.000 euros brut pour un emploi au sein de la Revue des Deux Mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière, PDG de Fimalac et ami de François Fillon. Ses services ont été rémunérés 5.000 euros brut par mois entre mai 2012 et décembre 2013. Interrogé par Le Canard enchaîné, le directeur de la revue, Michel Crépu, se dit « sidéré » : « Je n’ai jamais rencontré Penelope Fillon et je ne l’ai jamais vue dans les bureaux de la revue. » Il précise toutefois que Penelope Fillon a signé « deux ou peut-être trois notes de lecture ».
Au total, les emplois de Penelope Fillon sur lesquels porte l’enquête judiciaire en cours ont été rémunérés environ 930.00 euros brut. Des revenus ont été perçus par deux des enfants du candidat à l’élection présidentielle pour des « missions » dont leur père a lui-même révélé l’existence. L’hebdomadaire les chiffre à 84.000 euros : 57.084 euros brut perçus par Marie Fillon et 26.651 euros par Charles Fillon, eux aussi comme assistants parlementaires. Ces deux nouveaux épisodes viennent nourrir une séquence dévastatrice, lancée voici une semaine et qui a déjà gâché le grand meeting de campagne du candidat de la droite à l’Élysée dimanche dernier, à 82 jours du premier tour. . Penelope Fillon aurait touché 45.000 euros d’indemnités de licenciement. En août 2002, l’épouse du candidat de la droite et du centre aurait perçu « 16.000 euros d’indemnités, soit l’équivalent de cinq mois de salaire », alors qu’elle avait retrouvé un mois plus tôt un emploi auprès de Marc Joulaud, suppléant de l’actuel candidat de la droite à la présidentielle. Le journal assure qu’elle a « cumulé deux salaires durant un peu plus d’un mois ».
Autre révélation : en novembre 2013, lorsque l’ancien premier ministre a mis fin au dernier contrat de son épouse à l’Assemblée nationale, celle-ci a perçu « 29.000 euros » d’indemnités pour 17 mois de travail. François Fillon s’est défendu dans un communiqué : « Les éléments publiés ce soir dans l’édition du Canard enchaîné datée du 8 février ne sauraient en rien constituer une information nouvelle et comportent des erreurs manifestes. Les chiffres que j’ai rendus publics lundi comprenaient bien entendu la totalité des sommes figurant sur les bulletins de paye de mon épouse, y compris les indemnités diverses de fin de contrat. Elles ont bien été prises en compte dans le calcul de son salaire moyen sur une période de 15 ans, soit 185 mois, qui s’élève bien à 3.677 euros net mensuels ». . Le Parisien relate par ailleurs « les dernières découvertes des enquêteurs » : les deux enfants de François Fillon, qu’il a employés comme assistants parlementaires de 2005 à 2007 lorsqu’il était sénateur, ont rétrocédé une partie de leurs salaires. Ainsi, sur les 46.000 euros net touchés par sa fille Marie, d’octobre 2005 à décembre 2006, environ 33.000 seraient repartis sur le compte joint des parents. Interrogé par l’AFP, son avocat, Me Kiril Bougartchev, a confirmé ces chiffres, indiquant que la fille du candidat de la droite à la présidentielle avait souhaité « payer son mariage, mi-2006″ et que pour cela « elle a remboursé ses parents » qui avaient avancé les sommes. « Elle fait ce qu’elle veut de l’argent qu’elle gagne ! Si elle veut rembourser ses parents, c’est son choix. Elle l’a dit spontanément aux enquêteurs » qui l’ont entendue le 9 février, a-t-il affirmé. Selon lui, le couple Fillon a pu retrouver, « dix ans après », 14 factures de ce mariage pour une somme de 44.000 euros. Ces nouveaux détails fragilisent encore le candidat qui a été mis en examen. Enfin il y a cette facture d’environ 50 000 € pour des costumes payés par un généreux ami, aussi ce prêt de 50 000 € sans intérêt accordé par un ami tout aussi généreux. Bref autant de balafres que souhaiterait bien porter nombre de Français
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