Face au discrédit qui touche les organisations politiques, désormais il est de bon ton pour les candidats de se présenter avec des vertus « anti systèmes ». Un concept qui n’a évidemment aucun sens, une proclamation entièrement gratuite tant qu’elle n’est pas approfondie et vérifiée. De quels systèmes parle-t-on ? du système social, économique, financier ou politique ? Quand on examine la sociologie des principaux candidats notamment en France on constate que pratiquement tous appartiennent aux classes aisées voir même très aisées (témoin par exemple le nombre de ministres du gouvernement actuel soumis à l’impôt sur la fortune). Il y a donc une continuité sociologique : les classes sociales supérieures dominent et de très loin le paysage électoral. Pas forcément pour des questions de compétence, d’intelligence ou de courage. Simplement parce qu’en France notamment la démocratie demeure virtuelle en tout cas néandertalienne. La France vit sous le régime d’une monarchie républicaine avec des déclinaisons dans les baronnies locales. La richesse des candidats constitue un argument favorable au recueil des voix. Le paradoxe est évidemment quand des candidats ultra riches se déclarent représentants des moins favorisés voir des opprimés. Evidemment pas avec un discours argumenté économiquement mais avec des explications simplistes en forme de slogan qui désignent des boucs émissaires comme responsable des discriminations et de la pauvreté. Le plus bel exemple récent étant évidemment le milliardaire Trump qui a réussi avec sa dialectique populiste contradictoire à être considéré comme un candidat anti système. Un candidat qui a pourtant multiplié les relations sulfureuses avec les élus pour étendre dans l’immobilier l’empire hérité de son père. En France, Marine Le Pen, héritière également, fait aussi partie de ces multimillionnaires qui se veulent représentatifs des gens « d’en bas ». Dans la droite classique, on ne trouve guère non plus de miséreux. Socialement donc la plupart des candidats dit « anti système » sont les produits d’un processus de reproduction de la richesse des nantis. Des liens évidents existent souvent entre la dimension sociale et la dimension économique. Nombre de candidats « anti système » entretiennent en fait des liens douteux avec le monde économique. Soit pour recueillir des fonds nécessaires au financement de la campagne et/ou pour en fait servir les intérêts particuliers de secteurs ou de groupes économiques. En cause, notamment des modalités de financement d’une campagne électorale avec souvent un ticket d’entrée financier dans les baronnies locales et une enveloppe minimale de 20 à 50 millions pour une campagne présidentielle. Au-delà de l’enjeu financier, le soutien des forces économiques dominantes constitue aussi un appui utile voire indispensable. Le dernier aspect de l’argumentation anti système touche au ridicule, à savoir, la dimension politique. En France en particulier, tous les candidats sont des professionnels de la politique. En place depuis 20, 30 ans, davantage, ils vivent de la politique et ont transformé la fonction en métier et en rente. Les conditions démocratiques françaises imposent d’ailleurs l’appartenance à un appareil notamment quand il s’agit de l’élection présidentielle qui nécessite d’obtenir le soutien des élus pour valider une candidature. Tous appartiennent à des organisations, sont passés par des systèmes et sont d’une certaine façon le fruit d’appareils. Il n’existe pas de candidat réellement indépendant, ils sont le résultat d’un système qui se reproduit. La dépendance est plus ou moins forte. Pour être élu, il est nécessaire d’être soutenu par les parrains d’un système, au moins pour se lancer « dans la carrière ». Une fois passée les obstacles sociaux, économiques et politiques les candidats ne peuvent donc revendiquer l’étiquette « anti système ». Cet argument populiste et démagogique ne peut être entendu que par les mouches victimes complices attirées par le miel des promesses sans lendemain. Les candidats anti système n’existe pas, autant l’admettre et se déterminer sur des critères moins ésotériques.
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