Macron : la nouvelle cible
Il est clair que Macron est en train de devenir la cible privilégiée de la plupart de ses concurrents. En cause, évidemment les sondages qui démontrent le candidat d’ »en marche » pourrait arriver en seconde position au premier tour des présidentielles et éliminerait donc tous les candidats excepté celui du FN toujours assez nettement en tête. Du coup, quand les arguments ne suffisent pas, on utilise l’invective, la grossièreté et la caricature pour traiter Macron d’évangéliste de la politique, ou encore de créature médiatique. La palme de la nullité politique revient encore une fois à Nadine Morano qui déclare : « Macron, c’est du bidon ! ». Un jugement forcément pertinent de la part de celle qui a fait de la vulgarité sa dialectique de référence, sans parler de ses orientations plus proches du Front national que du parti les républicains. Le plus savoureux sans doute et cette accusation contre Macron accusé d’être un produit du système. Une critique assez pathétique quand on sait que ceux qui en sont les auteurs sont des pros de la politique, à l’extrême droite comme à gauche et à l’extrême gauche. bref des élus qui vivent de la politique depuis 10, 20 ou 30 ans. Le reproche le plus souvent adressé à Macron concerne le flou de son programme. La critique la plus dure vient du « rigoureux » Fillon : « cas d’école de l’illusionnisme, cette nouvelle forme de populisme mondain qui a inventé la campagne présidentielle sans programme présidentiel ». La rigueur de Fillon est évidemment toute relative aussi bien concernant le détournement de fonds publics qu’en ce qui concerne sa gestion de premier ministre. Rappelons-nous, en 2007 Fillon avait déclaré qu’il était à la tête d’un État en faillite et qu’il entendait redresser la situation. Bilan de l’intéressé en 2012 : 600 000 chômeurs en plus (comme Hollande) et 600 milliards d’endettements supplémentaires. Ne parlons pas des promesses faites pour 2017 notamment de sa sulfureuse proposition de ne faire rembourser par la sécurité sociale que les maladies graves. Une proposition sans doute inspirée par le financement qu’il a reçu de l’assureur Axa (mais qu’il a rangé dans un placard hier !) Autre proposition tout aussi hypothétique : la suppression de 500 000 fonctionnaires sans indiquer où et comment. Autre fumisterie : celle de Benoît Hamon avec son revenu universel de 300 à 700 milliards par an dont on ne sait pas comment il serait financé. Dernier exemple, les promesses de Marine Le Pen consistant à sortir de l’euro ou à engager 40 milliards de dépenses supplémentaires. Des dépenses supplémentaires financées par 60 milliards d’économies. Où, comment ? On ne le saura jamais. Sans doute le programme le plus surréaliste qui s’il était appliqué conduirait le pays vers la catastrophe financière et l’appauvrissement généralisé. La seule sortie de l’euro coûterait immédiatement 20 % de pouvoir d’achat aux Français du fait du différentiel de taux de change. On se souvient de ce qu’il est advenu des promesses dans le passé de Sarkozy ou de François Hollande. Pour le bien de la démocratie, il serait urgent d’interdire aux candidats d’élaborer des listes de promesses illusoires. Le premier objectif pour eux devrait être de définir les enjeux de la période actuelle, ensuite de donner une vision cohérente pour l’avenir du pays enfin de se limiter aux grandes réformes structurelles dont le pays a cruellement besoin pour mieux affronter les mutations en cours dans les domaines économique, social, environnemental, sanitaire et sociétal et cela évidemment resitué dans un environnement international. Pour satisfaire la demande paresseuse de certains journalistes de grands médias, il suffira à Macron décrire programme à la place du mot projet. De toute façon, les journalistes politiques n’entretiennent que des rapports approximatifs avec les réalités économiques et sociales. Ils sont bien incapables de vérifier la pertinence d’un bouclage financier. Un bouclage financier au demeurant parfaitement illusoire car tout repose sur la croissance. Pour preuve le dernier budget 2017 de François Hollande a été très critiquée par la Cour des Comptes car il repose sur des perspectives peu crédibles notamment sur une croissance du libre de 1,5 % quand vraisemblablement la croissance sera proche de celle de 2016, à savoir un peu plus de 1,1 %. Certes on peut et on doit agir sur le niveau des dépenses mais nombre de dépenses dépendent précisément de la croissance et de l’emploi (par exemple UNEDIC, sécurité sociale, retraite etc.). Cependant poussé par ses concurrents, Macron va récapituler ses propositions le 22 février et préciser ses orientations financières début mars. Cependant Macron devrait rester fidèle à sa philosophie pour ne pas se disperser sur des terrains accessoires par rapport aux enjeux essentiels de la période. De ce point de vue, ses récentes déclarations concernant la colonisation ou encore la manif pour tous paraissent un peu hors sujet et sont sans doute à l’origine de son tassement dans les sondages. Macron doit se concentrer sur l’essentiel à savoir la croissance, l’emploi, la sécurité et la protection sociale, sujets prioritaire pour l’opinion et surtout pour les couches fragilisées par les mutations structurelles en cours. Bref Macon doit jouer sur ses atouts : la pertinence de ses analyses, sa vision, la cohérence de ses orientations et sur le renouvellement d’une classe politique discréditée.
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