2017 : l’escroquerie des programmes
Politiques, journalistes et forcément électeurs un peu naïfs tombent dans le piège du programme des candidats à élection présidentielle. D’abord comme si c’était le rôle d’un président de faire la liste des commissions et promesses électorales. On se souvient du programme du PS écrit par Chevènement avant 1981, puis des 110 propositions de Mitterrand ou plus près de nous du programme de Sarkozy ou celui du Bourget de Hollande. Des programmes mis aux oubliettes le lendemain des élections. Pour 2017, De l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par la droite, les promesses ne manquent pas ; d’une certaine manière c’est un peu le catalogue de la Redoute. Il y en a pour toutes les catégories socioprofessionnelles auxquelles on promet de raser gratis. Évidemment, une fois au pouvoir, les dirigeants s’empressent de contredire leurs intentions initiales au prétexte qu’ils avaient sous-estimé la gravité de la situation du pays notamment sur le plan financier. Une contradiction récurrente qui a largement nourri tous les populismes et qui a d’une certaine manière discrédité le système politique. L’urgence n’est sans doute pas de promettre tout à tout le monde avec des propositions tout aussi illusoires que démagogiques comme le relèvement significatif de tous les revenus en même temps que la baisse d’impôts générale et le plein-emploi d’ici 2022. Autant de propositions irréalistes et mensongères. Certes, le progrès social est indispensable mais il n’est envisageable qu’avec des progrès économiques au moins équivalents à moins de conduire le pays vers la faillite le rôle d’un président c’est d’abord éclairer les problématiques des grands enjeux économiques, sociaux et sociétaux. Ce travail d’analyse est un préalable pour ne pas tomber dans la démagogie. De ce point de vue, nombre de Français ne sont pas très matures pour comprendre la complexité de la crise systémique actuelle en particulier celle de la France qui accumule les retards en matière de mutations structurelles. Du coup, la paresse et l’incompétence conduisent nombre de candidats à adopter dans le simplisme pour mieux donner une légitimité à des propositions irresponsables et bâclées. Une récente étude d’Allianz a confirmé l’insuffisance de culture économique et financière des Français. Des Français qui se situent au dernier rang en Europe pour leurs connaissances en matière de gestion financière y compris pour leurs finances personnelles. (Étude Allianz en Europe). Le déficit de compréhension des facteurs explicatifs de la crise française est immense. Il peut être comblé par quelqu’un comme Macron qui n’est pas prisonnier de l’idéologie d’un appareil et de la logique des partis. Une logique des partis qui, pour satisfaire les différents courants, consiste le plus souvent à promettre tout et le contraire. La responsabilité d’un chef d’État consiste à faire d’abord un travail d’explication pour permettre une adhésion plus consciente et plus active aux enjeux du moment. Ensuite, il lui appartient de définir des orientations qui se révéleront pertinente dans le temps. Bref une vision, un projet mais pas l’auberge Espagne ou l’inventaire à la Prévert. Il sera toujours temps le moment venu -et ce sera alors nécessaire notamment lors des législatives- de traduire ces orientations en politiques sectorielles. Un candidat président doit s’en tenir à cette philosophie et non tomber dans le piège de la posture des marchands d’illusions qui ont conduit la France dans l’état dans lequel elle est depuis plus de 30 ans. Pour résumer, priorité surtout à l’analyse, à la vision et au projet de société.
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