Le protectionnisme de Trump : attention au boomerang !
Le pire danger pour les les États-Unis et pour Trump lui-même , cest sans doute cet hymne au protectionnisme qui risque de retomber sur la tête des Américains. Première observation si effectivement la balance commerciale des États-Unis est déséquilibrée, c’est parce que nombre de films américaines ont délocalisé tout ou partie de leur production notamment en Chine. En outre la complexité du système de production est telle que les États-Unis ne peuvent se passer des intrants des pays extérieurs. C’est notamment le cas pour tout ce qui touche à l’informatique. Par ailleurs pour nombre de productions importées les États-Unis n’ont pas alternative car la rentabilité d’une production locale seraient insuffisante pour intéresser les investisseurs. Produire local conduit inévitablement au renchérissement tarifaire et viendra amputer le pouvoir d’achat des Américains. Enfin les pays victimes de droits de douane exorbitants seront conduits à prendre des mesures de rétorsion qui nuiront au commerce international y compris aux États-Unis. Le principal risque auquel est exposée la croissance américaine est donc celui de voir Donald Trump tenir ses promesses en matière de protectionnisme, montre mercredi une enquête de Reuters, qui suggère que les économistes sont loin d’être gagnés par l’exubérance qui a porté les marchés financiers en novembre et décembre. Pendant sa campagne et après son élection, le milliardaire républicain s’est engagé à modifier en profondeur la politique commerciale et d’immigration des Etats-Unis, a menacé d’imposer des droits de douane élevés sur les importations depuis la Chine et proposé des réductions massives d’impôts. Si les marchés financiers se sont repliés ces derniers jours, le rendement des bons du Trésor à dix ans est encore en hausse de plus de 25% depuis les élections du 8 novembre et les actions américaines ont inscrit des records fin décembre. Pourtant, plus de deux tiers des économistes interrogés au cours de la semaine écoulée ont jugé que la politique protectionniste promise par Donald Trump constituait pour l’économie américaine la principale menace en 2017. « Il ne fait aucun doute que dans le haut de la liste des risques à la baisse figure la possibilité de voir mise en application la rhétorique anti-libre-échange », explique Jim O’Sullivan, de High Frequency Economics. « Je pars du principe que l’administration (Trump) sera pragmatique en la matière ». La vigueur du dollar, qui a touché au début du mois son plus haut niveau depuis 14 ans face à un panier d’autres devises de référence et s’est apprécié de près de 6% depuis l’élection, constitue un risque supplémentaire à court terme. La perspective d’allègements fiscaux massifs pour les entreprises et les particuliers, comme celle de dépenses publiques d’infrastructures, n’améliorent en rien les perspectives de croissance des Etats-Unis, estiment en outre les économistes, alors même que Donald Trump a dit vouloir porter la croissance du pays à 3,5% par an. Plus de 80% des économistes qui se sont prononcés sur ce point ont jugé que le moment n’était pas opportun pour de tels allègements de la fiscalité, l’économie étant proche du plein emploi. L’enquête montre que la croissance américaine devrait avoir ralenti à 2,2% en rythme annualisé au quatrième trimestre, après 3,5% au troisième. Pour 2017, les économistes prévoient en moyenne une croissance annualisée de 2,1% à 2,5% pour chaque trimestre, soit seulement 0,1 point de plus que dans l’enquête précédente. La médiane des prévisions pour l’ensemble de cette année est à 2,3%. Un peu moins d’un tiers des experts interrogés ont revu en hausse leurs prévisions pour 2017, pour la plupart en se fondant sur l’hypothèse que Donald Trump ne tiendra pas ses promesses en matière de commerce international et qu’il privilégiera le soutien à l’activité.
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