Les réseaux sociaux plus pertinents que les sondages?

Les réseaux sociaux plus pertinents que  les sondages?

C’est l’analyse d’Antoine Bevort, professeur émérite de sociologie au Conservatoire national des arts et métiers, dans un article du JDD. Un point de vue intéressant qui se fonde surtout sur l’analyse quantitative des réactions des grands réseaux Facebook, Twitter et YouTube  et sur l’audience de sites. Une analyse surtout quantitative qui ne rend as compte de l’aspect qualitatif des analyses diffusées sur internet par des milliers de sources et qui ne se réduisent à quantifier les « pour et les contre ». Il ya aura encore des progrès méthodologiques importants pour mesurer l’impact du net qui progressivement prend la place des médias traditionnels. L’auteur note d’ailleurs la nécessité de ces progrès méthodologiques qui ne se réduisent pas à la dimension quantitative.

 

 

« Si la web analytics (l’analyse d’audience des sites) et le social media monitoring (l’analyse des données des réseaux sociaux) sont pratiquées couramment pour les entreprises, ces approches demeurent balbutiantes à des fins d’analyse sociopolitique. Pourtant, des données des sites et réseaux sociopolitiques sont disponibles qui permettent d’analyser de façon documentée cette arène importante du débat politique aujourd’hui. Les études empiriques diversifiées menées depuis l’été 2016 mettent en évidence la faisabilité, la crédibilité et l’intérêt de ces approches. Cet article présent deux de ces études consacrées à la primaire de la droite et du centre. Parmi les outils disponibles, nous utilisons le programme Alexa pour les données des sites, et Semrush pour les données sur les réseaux numériques. Les données d’Alexa permettent de classer les sites politiques, tandis que le Social Media Tool de Semrush fournit des données détaillées sur les réseaux sociaux. Ces outils suscitent des interrogations méthodologiques légitimes, pour lesquels nous nous permettons de renvoyer aux billets (ici et ici) que nous avons publiés par ailleurs sur cette question. Nous avons suivi l’audience des sites des candidats à la primaire de la droite à partir de l’été 2016, en publiant  régulièrement des comptes rendus sur notre blog. Le 19 novembre 2016, la veille du premier tour, nous écrivions un billet intitulé « Audience de Juppé, Fillon et Sarkozy sur le web et dans les réseaux sociaux », qui développait l’hypothèse que l’audience du site de François Fillon et l’impact de sa communication sur les réseaux sociaux annonçaient une possible surprise. En effet,  l’audience du site de François Fillon dépassait celle de Sarkozy depuis le 14 novembre et s’approchait de l’audience du site de Juppé. Les jours suivants, le site de François Fillon se classait en tête des sites des candidats à la primaire. Les données sur les réseaux sociaux confirmaient la percée de Fillon, contrairement à ce qu’ont affirmé plusieurs médias après le premier tour. Ainsi Le Parisien estimait que les données des réseaux sociaux étaient de « mauvais thermomètres de l’opinion ». La Croix développait la même appréciation. Ces analyses se référaient notamment à un expert des réseaux sociaux, Nicolas Vanderbiest qui assurait, le 18 novembre sur son blog, que « le web social n’est pas un bon indicateur pour évaluer la puissance d’un candidat dans les urnes ». Dans un ajout à l’issue du premier tour, cet expert précisait qu’ »effectivement, vu les résultats, en aucun (cas) les réseaux sociaux n’expliquent la défaite de Sarkozy, et personne n’aurait pu prévoir la victoire de Fillon sauf s’il avait tout parié sur les partages Facebook. »Pour comprendre l’enjeu du débat, il faut préciser que la communication sur les social media se mesure de trois façons : l’audience, l’activité et l’engagement. L’audience mesure le nombre total de fans, de followers, d’abonnés acquis à une date donnée. Elle dépend surtout de l’activité passée. Le pouvoir génère beaucoup de fans et de followers. C’est la limite des données d’audience, qui a un effet stock important. L’activité rend compte du nombre de posts, tweets et vidéos, et mesure l’activité de communication d’un acteur politique au cours des sept jours écoulés glissants.L’engagement, enfin, évalue le nombre de « j’aime », de « partage », de « retweets » et de commentaires constatés également au cours des sept derniers jours. Parce qu’il mesure l’impact d’une communication politique, l’engagement est l’indicateur le plus significatif. C’est en se fondant uniquement sur l’audience que l’on pensait que les réseaux sociaux n’avaient pas anticipé la victoire de Fillon, or l’engagement permettait bien de l’entrevoir. »

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