Brexit : la posture de grenouille de Theresa May ?
Theresa May prend la posture de la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf. Finalement un peu comme la France qui vit encore sur l’illusion de l’ancienne puissance coloniale. La Grande-Bretagne, comme la France, éprouve un peu de mal à accepter son statut de nation moyenne face aux mastodontes que représentent les États-Unis, la Chine, l’Inde voir les BRIC. « Nous avons décidé de construire une Grande-Bretagne vraiment mondiale », a dit Theresa May. Économiquement la Grande-Bretagne représente à peu près le poids de la France et ne pèse pas lourd face aux mastodontes mondiaux et même à l’Allemagne. De ce point de vue le chantage de Theresa May qui propose soit ses conditions ou soit de quitter le marché unique est à la fois illusoire et pathétique. Certes la balance commerciale de l’union économique avec la Grande-Bretagne est équilibrée pour l’Europe des 26 mais les économies sont tellement imbriquées qu’un brexit total serait plus nuisible à la Grande-Bretagne qu’au reste de l’Europe. À l’inverse la balance commerciale de la Grande-Bretagne est positive vis-à-vis des États-Unis. Du coup en cas de négociations bilatérales entre la Grande-Bretagne et les États-Unis on peut penser que les Américains tenteront de rééquilibrer leurs échanges. La position de Theresa May relève d’un chantage assez primaire qui consiste à vouloir le beurre et l’argent du beurre. On ne peut en effet continuer de bénéficier des avantages du marché unique tout en refusant toutes les autres contraintes. La menace adressée à l’Europe qu’on peut résumer schématiquement : soit le maintien du passeport financier à la City ou s’exposer au dumping fiscal, n’est évidemment pas acceptable. De toute manière le discours de la première ministre britannique était surtout à usage interne pour rassurer les partisans du brexit. Il faut rappeler que Theresa May elle-même n’était pas partisan du brexit et qu’elle doit donc faire des efforts de communication pour persuader qu’elle respectera le vote. Mais en déclarant en même temps qu’elle veut entamer des négociations pour maintenir ces échanges commerciaux et financiers, elle affiche la relativité de la rupture qu’elle souhaite. De toute manière, les négociations seront nécessairement longues et complexes. Il faudra des années entre trois et cinq ans pour renégocier avec l’Europe ensuite renégocier aussi avec l’OMC et renégocier des traités bilatéraux. Un délai qui risque de changer la donne conjoncturelle et à faire apparaître les vrais dégâts du brexit jusque-là assez limité sauf en ce qui concerne la parité de la livre. Une livre qui a déjà perdu 15 % depuis le break site et qui va continuer de s’affaiblir pour finalement atteindre un jour la parité avec l’euro. Du coup, l’inflation devrait nettement grimper dans les années à venir d’autant que la balance commerciale de la Grande-Bretagne est très déséquilibrée. Dès 2017, la Grande-Bretagne devrait flirter avec la récession. De quoi infléchir la position de la Grande-Bretagne lors des négociations qui seront nécessairement laborieuses et complexes avec l’union européenne.
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