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Obiang-Guinée-Corruption Afrique : le culot de la justice française

Obiang -Guinée-Corruption Afrique : le culot de la justice française

 

Il faut bien convenir que la France fait preuve d’une sacrée dose de culot en voulant juger les biens mal acquis de responsables africains. Témoin évidemment le procès en cours  de l’ex-ministre de l’Agriculture et des Forêts, désormais vice-président de Guinée équatoriale mais aussi des  enquêtes  sur des biens acquis par les familles d’Ali Bongo (Gabon) et de Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), qui possèdent respectivement à Paris 39 et 24 propriétés immobilières de luxe, et environ 200 comptes bancaires au total, d’après la police. Il n’est évidemment pas question de nier les détournements de fonds ou la corruption qui gangrène l’économie africaine. Un phénomène général qui concerne les responsables mais d’une façon plus globale les gouvernements et les administrations  du sommet jusqu’à la base. Cette corruption est un véritable cancer pour le développement des pays considérés. La question est de savoir pourquoi la France entend viser uniquement certains pays d’Afrique. Tout simplement parce que politiquement ces pays ne représentent pas grand-chose sur le plan géopolitique international. D’autres pays notamment les pays du golfe investissent bien davantage que des Africains dans des biens français et grâce évidemment à la rente détournée de matières premières et notamment du pétrole. C’est le cas de l’Arabie saoudite, du Qatar autres émirats dont les familles se sont appropriées les richesses des pays considérés. En la circonstance des investissements sont autrement plus importants que ceux du fils du chef d’État de Guinée équatoriale. Il s’agit non pas 25 millions mais de dizaines de  milliards. Il est clair que la France ne va pas se livrer à des enquêtes pour aller renifler l’origine de ces fonds d’autant que les montages juridiques qui permettent ces appropriations sont difficilement attaquables. D’une certaine façon,  la grande faiblesse des responsables africains qui détournent des fonds publics c’est justement leurs insuffisances en matière d’ingénierie financière pour donner une légitimité à leur corruption. Pour parler clair il tape directement dans la caisse alors qu’il conviendrait d’utiliser des méthodes frauduleuses beaucoup plus élaborées. Notons aussi que cette corruption qui accompagne d’ailleurs nombre de transactions internationales nécessitant les interventions de l’État est largement alimentée par les sociétés occidentales dont la France qui exploite les matières premières des pays visés. L’affaire Elf avait notamment démontré les sulfureux circuits financiers qui permettaient de détourner une partie des fonds au profit des responsables gabonais lesquels ensuite arrosaient les partis politiques français. De telles pratiques perdurent mais les procédures ont été sophistiquées pour être juridiquement inattaquables. Dernière preuve du culot français son incapacité à juger les détournements internes au pays. L’exemple le plus significatif étend cette affaire Tapie où la ministre des finances de l’époque Christine Lagarde a autorisé le versement indu de 400 millions dont 45 millions pour préjudice moral, un record du monde !  Or ce délit a été jugé devant une cour d’exception spécialement composée pour permettre à Christine Lagarde reconnue responsable de négligence de bénéficier d’une exemption de sanction en « raison de sa stature internationale ». D’autres collusions entre le monde politique et le monde des affaires justifierait sans doute une autre attention de la justice française. Encore une fois il ne s’agit pas de dédouaner la responsabilité de certains responsables africains dont on estime que la richesse personnelle équivaut à peu près l’endettement total de l’Afrique mais plutôt souligner  cette condescendance judiciaire française qui sait taper  sur les petits pays mais sait tout autant ignorer les délits d’autres pays ou même ceux commis à l’intérieur de ses frontières.

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