Montebourg : candidat caméléon
Un candidat multicolore ou caméléon ? Sans doute les deux à la fois. Montebourg affirme en effet au centre de toutes les tendances du PS. Un socialisme très coloré qui va de Strauss-Kahn à Chevènement, de la gauche sociale à la gauche du travail (allusion à Macron) avec une touche gaulliste et une autre gauchiste puisqu’il demande l’abrogation de la loi travail réclamée par les frondeurs. Bref Montebourg adopte la stratégie du caméléon, la synthèse au PS chère à François Hollande (et avant lui à Mitterrand). A la fois très à gauche mais tout autant à droite ce qui évite de trancher entre des idéologies contradictoires et irréconciliables c’est-à-dire entre les crypto communistes, les sociaux démocrates et les sociaux libéraux. Des sociaux libéraux comme Valls ou Peillon qu’il récuse par ailleurs. « Il ne faudrait pas que le candidat qui affrontera François Fillon soit un candidat social-libéral », indique-t-il encore. Dans son programme, il reprend des thèmes qu’il défend de longue date comme l’instauration d’une VIe République par référendum, avec notamment une diminution de moitié du nombre de parlementaires, l’élection à la proportionnelle d’une « fraction » de l’Assemblée nationale et l’entrée au Sénat de citoyens tirés au sort, à raison d’un par département. Alors que Manuel Valls propose de supprimer le recours à l’article 49-3 de la Constitution, Arnaud Montebourg estime nécessaire de pouvoir continuer à utiliser ce dispositif en matière budgétaire. Sur le plan économique, il propose un plan de relance de 30 milliards d’euros sur trois ans, sous forme de dix milliards de baisse de la CSG (contribution sociale généralisée) pour les classes moyennes et populaires et 20 milliards d’investissements dans les infrastructures, ce qui permettrait selon lui de faire baisser de 500.000 le nombre de chômeurs. Seuls dix milliards seraient financés via une suppression du crédit d’impôt compétitivité emploi « pour les grands groupes qui n’en ont pas besoin ». Le chantre du « made in France » entend aussi que 80% de la commande et des marchés publics soient réservés aux PME hexagonales. S’agissant de l’Europe, il appelle de ses vœux un projet alternatif à la dérive « libérale et autoritaire, austéritaire » de l’UE, ce qui passe par la construction d’un « bloc réformateur radical contre le bloc conservateur qui existe dans tous les pays et dont M. Fillon fait partie ». Arnaud Montebourg propose enfin la création d’une mutuelle de soins « à prix modérés » dans le giron de Sécurité sociale et la mise en place d’un service national civil, militaire ou humanitaire de six mois. Bref un programme assez éclectique pour faire plaisir aux différents courants du PSE mais qui manque sérieusement de précision et de bouclage financier. : Un reproche qu’on peut d’ailleurs faire la plupart des candidats d’autres formations politiques.
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