2017 : Valls : Trop clivant, trop tendu
C est l’avis de nombre d’observateurs politiques à propos de Valls. On sait que Valls, diplômé en histoire, est un fervent admirateur de Clemenceau au point de tenter en permanence d’en adopter la posture. Du coup à vouloir incarner cette autorité qui a manqué à François Hollande, Valls tombe souvent dans le piège de l’autoritarisme. L’homme apparaît aussi souvent très tendu quand ce n’est pas colérique. Même lors de sa déclaration de candidature dans son fief d’Évry, Valls est encore apparue très stressé est trop généreux en coup de menton inutile. En outre il a un peu trop tendance à se délivrer lui-même des brevets de compétences. « Je suis prêt, j’ai l’expérience, j’ai cette force en moi » a-t-il déclaré ses derniers jours pour persuader les sceptiques qu’ils possèdent la dimension pour enfiler le costume du président de la république en tout cas celle du candidat. Point le problème le plus délicat pour Valls c’est sa personnalité trop vivante. Du coup il aura à affronter plusieurs clans au sein du parti socialiste. Certains des hollandais qui ne lui pardonnent pas d’avoir en quelque sorte tué François Hollande il est vrai déjà affecté par l’échec de sa politique et l’impopularité qui en découle. L’aile gauche du PS ne pardonne pas à l’ancien ministre de l’Intérieur d’avoir soutenu le projet de déchéance de nationalité pour les personnes coupables de terrorisme, qualifié d’ »erreur » par François Hollande lui-même. Pas plus que la loi El Khomri Les « frondeurs » socialistes se souviennent aussi de son passage en force, via l’article 49-3 de la Constitution permettant d’adopter des textes sans vote, sur deux projets relatifs à la relance de l’économie et au Code du travail. Clivantes aussi, les positions du Premier ministre sur la République et le rôle de l’islam en France qui ont notamment alimenté le débat de l’été dernier sur le port du « burkini », maillot de bain porté par des femmes musulmanes. Valls peut cependant peut compter sur des sondages de popularité encourageants. Près de la moitié des sympathisants de gauche (45%) interrogés après le renoncement de François Hollande disent souhaiter qu’il soit le candidat du PS à la présidentielle de 2017, selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche. Ils n’étaient que 38% à le désigner parmi une liste de candidats avant l’annonce du président de la République jeudi. La progression du Premier ministre se retrouve de la même manière chez les sympathisants du Parti socialiste, qui disent à 61% souhaiter qu’il soit le candidat désigné du PS après l’annonce du président, contre 54% auparavant. Son discours « décomplexé » et ses positions dérangeantes aux yeux du PS lui ont valu des inimitiés tenaces, de la maire de Lille Martine Aubry à celle de Paris Anne Hidalgo en passant par l’ex-ministre de la Justice, Christiane Taubira. Son arrivée au gouvernement provoque le départ des ministres écologistes, dont Cécile Duflot, en désaccord avec ses positions sur le nucléaire ou l’immigration. L’été suivant, en août 2014, les ministres Arnaud Montebourg (Economie), Benoît Hamon (Education nationale) et Aurélie Filippetti (Culture) quittent son gouvernement après avoir trop ouvertement critiqué sa politique économique. Aujourd’hui Valls qui a longtemps considéré que les gauches à l’intérieur du parti socialiste étaient irréconciliables se pose désormais en réconciliateur. La tâche sera rude d’autant que le véritable enjeu n’est pas la présidentielle mais la reprise en main du parti socialiste dans la perspective de 1022 ; ce qu’a très bien compris Martine Aubry qui a aussitôt déclaré que voter pour Valls n’était pas évident !
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