Une Europe de la défense, enfin ?
Sous l’impulsion de l’Allemagne, l’Europe a surtout privilégié le business comme axe politique stratégique de l’Union. Pas grand-chose en politique étrangère et une insignifiance sur le plan de la défense. Mais avec l’arrivée de Trump la problématique revien t en boomerang. L’union peut-elle se contenter de la priorité du libre échange en confiant sa défense aux américains ? Sans doute non et de ce point de vue Trump a été sans ambigüité, il veut réduite l’apport américain à l’OTAN et se désengager de nombreux théâtres de conflits considérés comme trop couteux. Du coup en catastrophe les pays européens se sont réunis pour bâtir à la hâte un plan de défense européen suite à l’élection de Trump mais on est très loin d’une armée européenne et même d’une conception commune. Ce plan validé par les ministres de la Défense et des Affaires étrangères, réunis à Bruxelles, pourrait permettre au bloc européen d’envoyer des forces sur des théâtres extérieurs pour stabiliser une crise avant le déploiement de casques bleus de l’Onu et, plus globalement, doit cimenter la volonté des Européens d’assurer leur « autonomie stratégique » sans dépendre de Washington. Pendant la campagne électorale américaine, Trump a considéré que l’Otan coûtait trop chère aux Etats-Unis et a proposé de faire contribuer davantage les alliés européens au financement de leur défense, faute de quoi ils devraient se débrouiller seuls. « L’Europe doit être capable d’agir pour sa propre sécurité », a déclaré le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui a été en pointe sur ce dossier avec son homologue allemande, Ursula van der Leyen, et avec la Haute Représentante de l’UE pour la politique extérieure et de sécurité, Federica Mogherini. Le plan approuvé lundi va « permettre à l’Europe de franchir un pas de plus vers l’autonomie stratégique », a-t-il ajouté en évoquant les capacités opérationnelles et le financement des opérations extérieures mais aussi de la recherche en matière de défense. Il n’est pas question dans ce plan européen d’une armée commune, et le projet de création d’un centre de programmation des missions civiles et militaires a été revu à la baisse, ne conservant plus que le volet civil. Les financements évoqués sont en outre bien pâles en comparaison des 18 milliards de dollars que les Etats-Unis s’apprêtent à consacrer dans les cinq ans prochaines années en matière de nouvelles technologies de défense. Il appartient désormais aux chefs d’Etat et de gouvernement d’approuver définitivement ce projet lors du sommet européen de décembre. Sa mise en œuvre prendra sans doute de nombreux mois et n’est évidemment pas à la hauteur des enjeux.
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