Décrochage scolaire : des chiffres truqués
Comme pour le chômage il y aurait une inversion de la courbe de ceux qui décrochent du système scolaire sans diplôme, ni qualification ; on serait descendu sous les 100.000 par an en 2016, a annoncé ce lundi Najat Vallaud-Belkacem. « Nous avons cette année passé un cap symbolique très fort », a déclaré la ministre de l’Education nationale lors d’un séminaire sur le décrochage scolaire. Ce phénomène devrait ainsi concerner 98.000 jeunes en 2016, selon un indicateur provisoire du ministère, après 107.000 en 2015 et 110.000 en 2014, selon l’enquête emploi de l’Insee. Des chiffres qui n’ont évidemment aucune signification car il faudrait comparer les diplômes à niveau constant. Or globalement ce niveau baisse comparé à ceux des autres pays. Ainsi le taux de réussiste au Bac ou encore la multiplication des filières bidon qui ne débouchent sur rien sinon sur pôle emploi. Le programme PISA (pour Program for International Student Assessment, programme international d’évaluation des élèves) permet d’évaluer les performances du système éducatif de chaque pays de façon standardisée. La France se situe à la traîne dans ce classement. Son score est de 495, en vingt-cinquième position sur 65 avec un point de plus que la moyenne des pays évalués, juste derrière la République Tchèque. Par exemple, 22.4% des élèves y sont peu performants en mathématiques alors que seuls 12.9% y sont très performants. La performance de la France diminue par ailleurs assez franchement depuis 2003. C’est Shanghaï qui arrive en tête avec 614 points alors que le Pérou ferme la marche avec 365 points. Dans le haut du classement PISA, soit devant la France, on trouve notamment l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas ou la Pologne. Les résultats ne sont pas bons, surtout au regard des sommes colossales englouties par le système éducatif français. Ni la performance brute, ni l’équité ne sont au rendez-vous. Pour un système qui se veut très égalitariste, on ne peut pas dire que les résultats soient exceptionnels. Multiplier les filières et diplômes qui conduisent à une impasse professionnelle ou encore abaisser le niveau moyen des diplômes rend caduque toute interprétation optimiste de la réduction de nombre de décochés scolaires. En outre d’après une étude du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Enesco) qui démontre que l’école est une fabrique d’inégalités sociales. Par la seule fabrique évidemment car l’école s’insère, reflète et reproduit l’environnement socio-économique. Ce conseil évite par ailleurs de parler du niveau moyen qui continue de s’écrouler dans les classements internationaux mesurant notamment les savoirs fondamentaux. Un niveau très faible mais avec des écarts considérables car les enfants des classes sociales élevées progressent tandis que les classes des foyers pauvres s’enfoncent notamment dans certaines zones de banlieue abandonnées où les classes ressemblent davantage à des garderies qu’à des lieux d’enseignement. « Les politiques scolaires menées depuis trois décennies expliquent la dégradation des inégalités sociales dans l’école française », estime le Cnesco en qualifiant l’école française de « lieu de reproduction sociale », sous l’effet d’ »une longue chaîne de processus inégalitaires » qui s’accumulent tout au long de la scolarité. Notre système éducatif est devenu, selon l’enquête PISA, le plus inégalitaire de l’OCDE. D’après le ministère de l’Éducation nationale, 20 % des élèves en fin de 3e ne maîtrisent pas la lecture et l’écriture. De ce point de vue, l’objectif de Hollande de diviser par deux le nombre de décrocheurs pendant son quinquennat pour passer de 140.000 à 70.000 par an n’a aucun sens. Bref comme l’inversion de la courbe du chômage. !
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