«Ne répétons pas les erreurs américaines» (Philippe Herzog)
dans une interview aux Échos Pour Philippe Herzog, président-fondateur de Confrontations Europe, invite à ne pas répéter les erreurs qui ont produit permis Donald tremblent d’accéder à la présidence des États-Unis.
L’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis est-elle un avertissement pour l’Europe ?
C’est une nouvelle sonnette d’alarme pour l’Union européenne car la situation politique des Etats-Unis est comparable à celle de l’Europe. Les populations des Etats-Unis et d’Europe font preuve d’aversion envers l’immigration. Nous observons la même défiance envers les institutions : l’autorité des dirigeants est mise à mal, l’ordre politique est menacé et il y a comme un sentiment que l’espace public se détériore. Enfin, des deux côtés de l’Atlantique, les couches moyennes ont le sentiment de se paupériser.
L’Europe va-t-elle devoir réviser la relation qu’elle entretient avec les Etats-Unis ?
L’Amérique de Trump, s’il persiste dans ce qu’il a dit au long de sa campagne, ne devrait plus jouer le même rôle que par le passé sur la scène internationale. Une Amérique qui s’isole va obliger l’Europe à se comporter de manière autonome vis-à-vis des Etats-Unis. C’est fini l’époque de l’hyperpuissance. Rappelons que l’Europe s’est alignée sur les Etats-Unis jusqu’à ce jour en matière de sécurité collective. Il est urgent de s’interroger sur ce que veut être l’Europe dans le monde du XXIème siècle.
Le temps est-il venu pour l’Europe de parler d’une seule voix ?
Il est impératif que les Vingt-Sept parviennent à définir leurs propres choix de manière collective. Ils vont devoir affirmer leur position dans les institutions internationales, comme le G20 et le FMI, alors qu’aujourd’hui, l’Europe est dispersée et désunie. Elle devra aussi s’interroger sur elle-même : que faire du marché intérieur, que faire de la zone euro ? Bref, réfléchir, enfin, à sa refondation, et ne pas lâcher la perspective d’Union politique.
Craignez-vous un effet Trump sur la présidentielle de 2017, en France ?
Si l’on croit que Marine Le Pen ne pourra pas être élue de toute façon, on ne fera pas ce qu’il faut pour la vaincre. Hillary Clinton et les médias ont passé beaucoup de temps à dénoncer le comportement et les invectives de Donald Trump. Mais comme ils ont semblé défendre un système politique qui est profondément en crise, ils ont favorisé son élection. Ne répétons pas, en Europe, et en particulier en France, les erreurs américaines. Au lieu de crier au populisme, il est temps de régénérer l’offre politique. Les candidats à la présidentielle française doivent avant tout recréer l’espoir avec une perspective de changement profond du système éducatif, avec des projets de création d’emplois fondés sur une réindustrialisation et sur une réhabilitation des biens publics. Ceci exige une réforme de l’Etat, qui a été trop longtemps différée. Proposer des perspectives et redonner de l’espoir, c’est la meilleure arme contre le vote extrême.
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