Durcissement des sanctions pour outrage aux forces de l’ordre, meilleure protection de leur anonymat, évolution des conditions de la légitime défense, fin des gardes statiques et modernisation des équipements : ces annonces de Bernard Cazeneuve visent à répondre à l’exaspération de certains fonctionnaires, qui demandent davantage de moyens face aux agressions dont ils sont victimes mais aussi de considération. Le ministre propose notamment d’aligner le régime juridique de l’outrage sur celui de l’outrage à magistrat, ce qui se traduira selon lui par un doublement des sanctions. Bernard Cazeneuve propose aussi d’étendre les cas où les policiers peuvent être autorisés à porter une cagoule. Les tâches des policiers seront allégées, avec notamment la fin des gardes statiques devant les préfectures et les tribunaux. Ces mesures sont d’application immédiate, a précisé le ministre de l’Intérieur. Le plan annoncé, qui comprend un renforcement de l’équipement des policiers et gendarmes et des travaux d’entretien dans les commissariats et les casernes, représentera 250 millions d’euros, a précisé Bernard Cazeneuve. Le syndicat Unité SGP police a salué les mesures annoncées. « Il y a des gestes forts, il y a un budget, il y a des avancées; ce serait totalement populiste et poujadiste de prétendre le contraire. Il y a un calendrier fixé », a déclaré Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité SGP police. D’autres soulignent la nécessité de mettre ce plan en oeuvre sans attendre. « Il va falloir que ça se concrétise très rapidement sur le terrain pour que la grogne légitime que les policiers ont exprimée cesse », a estimé Jean-Marc Bailleul, secrétaire général du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure-CFDT. Certains responsables syndicaux ont cependant souligné à la sortie de l’Elysée qu’ils n’étaient comptables que de leurs adhérents. Les syndicats de police, pris de court par la fronde de la base, tentent de reprendre la main sur le mouvement de colère. Pour canaliser la contestation, Unité SGP police, deuxième syndicat chez les gardiens, a organisé mercredi à la mi-journée des marches de la colère policière et citoyenne à Paris et dans des dizaines de villes de province. Un millier de personnes ont défilé à Paris de la place de la République jusqu’à l’hôpital Saint-Louis, sans banderoles, ni logo du syndicat. Selon Unité SGP police, les cortèges ont réuni un peu plus de 15.000 personnes partout en France. La veille, une intersyndicale comprenant notamment Alliance, l’Unsa et Synergie officiers, avait appelé dans le même esprit les policiers à se rassembler devant les palais de justice de France pour dénoncer notamment le « laxisme » de la justice envers les agresseurs de forces de l’ordre. De leur côté, les policiers manifestant hors du cadre syndical depuis dix jours, essentiellement la nuit, ont continué en début de semaine à réunir quotidiennement près de 2.000 personnes en France. Après avoir menacé de sanctions les policiers manifestant en uniforme ou avec des véhicules de service, l’exécutif a fait machine arrière et multiplié les gestes d’apaisement, avec l’annonce d’un nouveau plan de sécurité publique en novembre. Accusés d’être infiltrés par le Front national, les policiers frondeurs ont changé de porte-parole et tentent de mieux se coordonner. Un millier d’entre eux se sont rendus mercredi en début d’après-midi aux abords de l’Assemblée nationale pour dénoncer « les promesses non tenues », réclamer « des actes », et engager le dialogue avec les députés. Selon un sondage Ifop pour le site Atlantico, diffusé mardi, 91% des Français estiment que les récentes manifestations de policiers sont « justifiées ». Ce chiffre s’explique autant par la bienveillance des Français envers cette corporation que par un fort désir d’une politique pénale plus sévère.
(Reuters)
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