En économie à droite, un programme au caractère gnangnan
Le moins que l’on peut dire c’est que le programme économique de la droite exposé par les différents candidats durant de la primaire est un peu gnangnan. Comme la plupart des autres candidats, on promet une réduction des impôts, un peu de relance de la croissance, une réduction des déficits, moins de chômage mais sans grande analyse de l’état exact du pays et sans proposition très innovante pour inverser les tendances. Du coup on se résout même à accepter en 2017 un déficit budgétaire. Pourtant la crédibilité du budget de Bercy est « improbable ». Improbable, la prévision de croissance de 1,5 %, déjà révisée par l’Insee à 1,3 %. Improbable aussi, l’objectif en pleine année électorale d’un retour du déficit à 2,7 % du PIB, qui n’engage que la crédulité des plus naïfs puisqu’il est très improbable que ceux qui l’ont fixé soient encore là pour le constater… En 2017, si la droite l’emporte, le scénario est déjà téléphoné : quel que soit le ca les candidats auraient gagnés à s’investir dans une analyse un peu plus approfondie et plus pertinente de l’économie. Au lieu de cela on ressort les vieilles recettes sans indiquer fermement l’horizon. Bref du bricolage économique comme souvent en France. Témoin par exemple la position sur les 35 heures. Aucun candidat ne dit clairement qu’il convient aux 40 heures 35. . En promettant aux entreprises la compétitivité mais en même temps en promettant aussi au salarié de gagner Par exemple concernant la réduction du nombre de fonctionnaires. En fait on adopte la méthode habituelle, un audit des finances publiques affirmera que tout était faux dans ce budget ; et une loi de finances rectificative appliquera dès l’été un programme qui repose dans tous les cas sur un creusement - temporaire ? - du déficit pour remettre les compteurs à zéro. Certains prévoient même d’enclencher un contre-choc fiscal immédiat, bien sûr non financé, ce qui alourdira un peu plus la note pour un effet économique incertain. Adieu donc, si la droite gouverne l’an prochain, les 3 % du PIB. Il faudra tenter de renégocier avec Bruxelles et l’Allemagne un nouveau délai. Et ce sera reparti pour un tour, à moins que l’élastique européen ne se casse… La divergence croissante entre la France trop déficitaire et l’Allemagne trop excédentaire ne conduit pas à l’optimisme. Le débat économique gagnerait à se fonder sur un diagnostic mieux établi. L’un d’entre eux ne fait pas débat : on sait que le PIB par habitant en France, rapporté au même indicateur en Allemagne, a perdu près de dix points en dix ans. La droite et la gauche en assument la même paternité. Bien sûr, l’une des explications est démographique : la population allemande stagne, alors qu’elle conserve une croissance en France. Mais, c’est justement pour cela que c’est grave, car avec moins de croissance que l’Allemagne et de plus en plus d’habitants, c’est bien notre niveau de vie qui décline à grande vitesse. Une stratégie économique cohérente pourrait se fixer comme objectif d’inverser cette courbe. Cela a été le cas entre 1986 et 1988, puis du milieu des années 1990 au milieu des années 2000 (période pendant laquelle l’Allemagne a été affaiblie par sa réunification). Comme quoi la droite sait le faire ! A condition d’appliquer pour cela les bons remèdes, à commencer par une politique favorisant vraiment la croissance. C’est le drame de la politique française : ses dirigeants, de droite comme de gauche, arrivent au pouvoir mal préparés, avec un diagnostic partiel et souvent erroné de la réalité économique. Se sentant engagés par leurs promesses de campagne, ils appliquent sans réfléchir leur programme, la plupart du temps daté, bâclé, inopérant et à contre-emploi ; et ils finissent au bout d’un an ou deux par se rendre compte de leur erreur avant de passer la fin de leur mandat à essayer – dans le meilleur des cas – de la corriger.
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