Europe : la croissance molle pour au moins 3 ans (Deutsche Bank)
La croissance molle pour longtemps, c’était le titre d’un de nos récents articles. Ce que confirme aujourd’hui les très sérieux experts de la banque qui pronostiquent par ailleurs que pour les 30 années à venir la progression de l’activité sera moins forte qu’au cours des décennies précédentes. Ce qui vaut pour l’économie allemande vaudra bien entendu pour toute l’Europe. La croissance de l’activité sera si faible au cours des trois prochaines décennies que les responsables politiques auront bien du mal à faire face aux défis politiques, sociaux et économiques qui en résulteront, avertit Deutsche Bank dans une étude prospective publiée vendredi. Contrairement à ce qui s’est passé au cours des 35 dernières années, l’inflation et les rendements obligataires augmenteront au cours des trente prochaines années, selon cette étude dont plusieurs intervenants de marché ont dit qu’elle avait contribué aux importants dégagements sur les marchés obligataires ayant poussé vendredi les rendements à la hausse à des niveaux oubliés depuis des mois. Les marchés actions ont aussi décroché. Cet exercice de prospective annuel d’une des plus grandes banques d’investissement mondiales soutient que les conditions qui ont assuré la hausse de la croissance économique mondiale et la prospérité au cours des 35 dernières années sont en train de disparaître. « Nous sommes en train d’assister à une transformation de l’ordre mondial qui a dicté l’économie, la vie politique, les décisions politiques et les prix des actifs des années 1980 jusqu’à aujourd’hui », écrivent les auteurs de l’étude. « Sachant que ce cycle a duré environ 35 ans, il est possible que le prochain cycle (…) va aussi durer plusieurs décennies. Extrapoler ce qui s’est passé sur les 35 dernières années pourrait être l’erreur la plus dangereuse que feraient investisseurs, responsables politiques et banquiers centraux », poursuivent-ils. Ils soulignent que les valorisations des actifs dans les principaux pays développés n’ont jamais été aussi élevées mais pour des raisons spécifiques à la période allant des années 80 à aujourd’hui. Le rendement des Treasuries à 10 ans, référence de fait des taux à long terme pour le reste du monde, a bondi à 1,67%, au plus haut depuis le vote britannique en faveur d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit) qui avait alimenté des craintes de récession. Les rendements des emprunts d’Etat à 10 ans allemands se sont aussi fortement tendus, repassant en territoire positif pour la première fois depuis le Brexit. Et Wall Street a cédé près de 1,5%, sa plus forte baisse en cours de séance depuis le mois de juin. Pour Deutsche Bank, les thèmes qui domineront les 35 prochaines années seront notamment une croissance réelle plus faible, une inflation plus élevée, un ralentissement des échanges internationaux, un plus grand contrôle des flux migratoires, une baisse de la part des profits des entreprises dans la richesse nationale et des rendements réels négatifs sur l’obligataire.
(Avec Reuters)
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