Cahuzac : le procès du « père la rigueur » du PS

Cahuzac : le procès du « père la rigueur » du PS

 

Un procès qui tombe vraiment mal pour le PS en cette période pré-électorale. En effet avant que les petits arrangements fiscaux ne soient découverts Jérôme Cahuzac incarnait  pour le PS la rigueur, il fut même le héros de la lutte contre l’évasion fiscale. Cette affaire est révélatrice des convictions réelles de certains apparatchiks socialistes et de leur pratique. Elle souligne par ailleurs le décalage entre la sociologie  des dirigeants et ceux  qu’ils sont supposés représenter. Il suffit pour s’en persuader de se référer  aux aveux de Cahuzac qui considère qu’un compte caché de près d’un million d’euros était seulement  destiné à ouvrir les petites dépenses courantes. La plupart des électeurs du parti socialiste vivent vraisemblablement dans un autre monde. Les audiences, reprennent donc après la validation par le Conseil constitutionnel, fin juin, du cumul des poursuites administratives et pénales en matière fiscale.  L’ex-ministre du Budget, contraint à la démission en mars 2013 après les révélations sur son compte caché à l’étranger, a reconnu devant les juges les faits qui lui sont reprochés. A 64 ans, Jérôme Cahuzac, héraut en son temps de la lutte contre l’évasion fiscale, devra répondre pendant près de deux semaines de fraude fiscale, blanchiment et fausse déclaration de patrimoine lors de son entrée au gouvernement en mai 2012. Il lui est reproché d’avoir dissimulé des avoirs sur un compte bancaire situé dès 1992 en Suisse, et transféré à Singapour en 2009, via des sociétés écrans établies au Panama et aux Seychelles. Un transfert qui répondait à « une volonté d’opacité renforcée », selon les enquêteurs. Son ex-femme, Patricia Ménard, est également poursuivie pour fraude fiscale et blanchiment. Elle est accusée d’avoir dissimulé une partie de ses revenus sur des comptes en Angleterre, en Suisse, et sur l’Ile de Man. « Je suis rentrée dans une spirale du mensonge », a-t-elle expliqué aux juges en février 2013, selon une source judiciaire. Le couple, désormais séparé, se voit également reprocher d’avoir utilisé les comptes de la mère de Jérôme Cahuzac pour y déposer, de 2003 à 2010, des chèques issus de leur activité professionnelle, ainsi dissimulés au fisc. Certains patients de leur clinique, spécialisée dans les implants capillaires, ont raconté ne pas avoir rempli l’ordre du bénéficiaire sur leurs chèques. A leurs côtés seront jugés pour blanchiment de fraude fiscale trois autres prévenus : la banque Reyl, le banquier François Reyl, qui la dirigeait à l’époque des faits, ainsi qu’un avocat. Tous trois sont soupçonnés d’avoir participé activement à la dissimulation des avoirs de l’ancien ministre. Les cinq prévenus encourent jusqu’à sept ans de prison et un million d’euros d’amende. Ouvert le 8 février dernier sur des questions de procédure, le procès avait été suspendu au bout de deux jours, la défense contestant via des Questions prioritaires de constitutionnalité le cumul des majorations d’impôts et des sanctions pénales. Si les « Sages » lui avaient donné raison, cela aurait pu faire tomber une partie des charges pesant contre Jérôme Cahuzac. Mais l’ancien ministre de François Hollande comparaîtra finalement pour l’ensemble des faits qui lui valent son renvoi. La trajectoire de Jérôme Cahuzac, incarnation d’une rigueur de gauche, fut sans encombre jusqu’en décembre 2012, et les premières accusations de Mediapart sur son compte en Suisse. « Je n’ai jamais eu de compte à l’étranger », répétera-t-il pendant plusieurs mois, à la presse, à ses collègues, devant l’Assemblée nationale, et même au président de la République. Fin mars 2013, Jérôme Cahuzac finira par démissionner. « Contrairement aux déclarations que j’ai été conduit à faire alors que j’étais membre du gouvernement, je suis titulaire d’un compte à l’étranger et souhaite vous fournir toutes explications à ce sujet », écrit-il alors à ses juges, avant de passer aux aveux publics quelques jours plus tard, sur son blog. Aux enquêteurs, Jérôme Cahuzac a expliqué avoir approvisionné son compte avec des revenus tirés de ses activités de chirurgien, mais également avec la rémunération d’une mission de conseil auprès d’un laboratoire pharmaceutique. Il a ajouté avoir utilisé ce compte, qui affichait, début 2013, un solde d’un peu plus de 687.000 euros, pour des dépenses de la vie courante, et pour payer des vacances. « L’existence de ce compte était pour moi un boulet », a toutefois assuré aux enquêteurs celui qui se faisait appeler « Birdie » – un terme emprunté au golf – par la banque Reyl. Les audiences sont prévues les lundi, mercredi et jeudi jusqu’au 15 septembre. Le jugement devrait être mis en délibéré.

(Avec Reuters)

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