Un référendum pour l’unification de l’Irlande ?
Après l’Écosse c’est autour de l’Irlande de s’interroger sur la possibilité d’une Irlande unie et souveraine Pour la première fois depuis le 23 juin, Enda Kenny, le Taoiseach (prononcez « tichoc ») ou premier ministre irlandais, a ouvert la porte à la possibilité d’un référendum de réunification des deux Irlande. Lors des journées d’été de l’université MacGill de Glenties, dans le comté de Donegal, au nord de la République, où se rassemblent les principaux responsables politiques du pays, Enda Kenny a indiqué que « la discussion et les négociations qui prendront place durant la prochaine période » entre le Royaume-Uni et l’Union européenne « devront prendre en compte, autant qu’elles le devront, le fait que la clause des Accords du Vendredi Saint puisse être engagée ». Lors de la signature de ces accords, en avril 1998, les gouvernements britannique et irlandais ont « reconnu la légitimité du choix librement consenti par la majorité du peuple nord-irlandais concernant son statut, qu’il préfère continuer à soutenir l’union avec la Grande-Bretagne ou qu’il choisisse une Irlande unie souveraine » (article 1.1). Dans l’alinéa suivant, il est indiqué que les deux puissances par « accord commun » entre elles pourront demander aux peuples de l’île d’Irlande, « d’exercer leurs droits à l’auto-détermination (…) au nord et au sud concernant une Irlande unie, s’ils le désirent » (article 1.2). Ce droit est reconnu par l’accord et est sujet à l’accord de la majorité du peuple nord-irlandais. Irlande et Royaume-Uni sont tenus reconnaître le résultat de cette consultation (article 1.4). Ces déclarations sont les premières de la part du chef du gouvernement irlandais sur la possibilité d’un référendum de réunification. Ces paroles sont d’autant plus fortes que son parti, le Fine Gael conservateur, est traditionnellement moins enclin à évoquer le sujet. Certains membres de son cabinet sont ouvertement opposés à cette option. Historiquement, le Fine Gael représente la branche du Sinn Fein qui a accepté après la guerre anglo-irlandaise de 1921 le traité qui faisait de l’Irlande un « Etat libre » membre du Commonwealth et qui sanctionnait la partition de l’île. C’est son rival, avec lequel il a engagé une guerre civile en 1922, devenu ensuite le Fianna Fáil, qui a refusé cet accord et qui s’est toujours présenté comme le « parti républicain », attaché à un processus pacifique de réunification de l’île. C’est le Taoiseach du Fianna Fáil Bertie Ahern qui, en 1998, a négocié les Accords du Vendredi Saint qui incluait précisément le droit à l’auto-détermination de l’Irlande du Nord. . L’Irlande du Nord est, avec l’Ecosse, une des deux « nations » du Royaume-Uni qui ont choisi le maintien dans l’UE le 23 juin.
(Avec AFP )