Turquie : Erdogan dit merde à l’Europe
C’est en substance ce que dit Erdogan après les très vives critiques des dirigeants européens vis-à-vis de la purge en cours. En envoyant balader les responsables européens, Erdogan semblent confirmer qu’il n’attend pas grand-chose de l’Europe. L’éventualité d’une adhésion de la Turquie à l’Union économique s’éloigne donc de plus en plus. Une adhésion qui n’était déjà qu’une éventualité et de toute manière très hypothétique. Mais de façon indirecte le conflit entre l’Europe et Erdogan pourrait remettre en cause l’accord relatif à la régulation de l’immigration en provenance du Moyen-Orient. Erdogan pourraient être tenté de lâcher les vannes de l’immigration en direction de l’Europe. Depuis la tentative de coup d’Etat avortée du 15 juillet, le président turc Recep Tayyip Erdogan mène une politique de répression très sévère dans toutes les sphères de la société turque. Plus de 18.000 personnes ont ainsi été mises en garde-à-vue, et 10.000 d’entre elles placées en détention préventive. En état d’urgence pour trois mois, Ankara a aussi annulé 50.000 passeports sous le motif de « précaution contre le risque de fuite des terroristes ». Lors d’une allocution pendant une cérémonie organisée vendredi en l’honneur des victimes du putsch raté, le président Erdogan a rejeté avec véhémence les critiques des pays occidentaux, les priant de « se mêler de leurs affaires ». « Ces pays dont les leaders ne sont pas inquiets pour la démocratie turque, ni pour la vie de nos citoyens et leur avenir alors qu’ils sont tellement préoccupés par le sort des putschistes, ne peuvent pas être nos amis », a-t-il ajouté. Jeudi, le ministre allemand des Affaires étrangères avait dénoncé des purges qui « dépassent toute mesure ». Erdogan continue en effet depuis deux semaines sa purge qui s’étend aussi bien à l’armée, à l’éducation, au monde des affaires et à la presse. Samedi, 17 journalistes ont encore été placés en détention préventive. Ils sont soupçonnés d’avoir des liens avec le Fethullah Gülen, l’influent opposant d’Erdogan, domicilié aux Etats-Unis depuis 1999. Ankara le désigne comme le commanditaire du putsch raté, tandis que l’intéressé nie être lié à l’affaire. Les 17 journalistes sont écroués pour appartenance à un « groupe terroriste ». Parmi eux figurent des figures proéminentes du paysage médiatique turc, comme Nazli Ilicak. Cette ancienne députée devenue reporter avait été licenciée en 2013 du quotidien progouvernemental Sabah. En plein scandale de corruption, elle avait alors critiqué des ministres liés à l’affaire.
(avec AFP)
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