Prestations sociales : l’explosion

Prestations sociales : l’explosion

 

Démographie, chômage, maladie, invalidité autant de facteurs explicatifs pour comprendre la très forte montée des prestations sociales qui ont pratiquement doublé en 50 ans. La part des prestations sociales dans le revenu des Français est passée de 17,5% à près de 35%. Certains facteurs explicatifs sont d’ordre conjoncturel est liés en particulier à la faiblesse de la croissance. Nombre de comptes sociaux seraient davantage équilibrés ou en tout cas en moindres déficits avec une modification du rapport actif -non actif. Se pose cependant la question du niveau de certaines prestations sociales et de l’étendue de leur champ d’application. On peut comprendre qu’il soit difficile dans une période de crise économique de procéder à une modification substantielle de ces prestations mais force est de constater qu’on ne les réalise pas davantage en période de croissance satisfaisante. Sur la tendance la plupart des comptes sociaux ne peuvent exploser et du coup la protection sociale surtout à venir est largement hypothéquée. C’est le cas par exemple pour la retraite dont l’âge est régulièrement reculé, reculera encore comme son montant. C’est le cas aussi de l’assurance maladie ou encore des prestations relatives à l’invalidité sorte de cache-misère d’une partie du chômage.  Elles représentent désormais 35% du revenu disponible brut des ménages contre 13,8% en 1949. Au total en 2014, les dépenses de protection sociale ont atteint la somme rondelette de 688,9 milliards d’euros La hausse est quasiment continue depuis 1950 avec une accélération forte cependant depuis 2008. Le palier des 20% a été atteint en 1966, celui des 30% en 1995 et à ce rythme-là on pourrait atteindre les 40% dans les années 2020. Depuis 30 ans, cette redistribution typiquement française de la richesse nationale n’a baissé que trois fois. Sur les périodes 1988-1990, 1999-2001 ainsi que 2005-2008. Des périodes fastes pour l’économie française notamment marquées par un recul du chômage. Plusieurs raisons expliquent cette flambée des prestations. La première raison est à chercher du côté de la pyramide des âges. Car les retraites sont évidemment avec 270 milliards d’euros versés en 2013 le plus gros poste de ces dépenses. La population des plus de 60 ans qui représentait à peine 16,2% de la population française en 1950 devrait atteindre cette année les 25%. Or, le revenu de ces populations provient principalement des prestations sociales. « La hausse des prestations entre les années 50 et 80 s’explique par un changement dans les régimes de retraite, explique Ronan Mahieu, le chef du département des Comptes nationaux de l’Insee. Ils ont concerné une population de plus en plus large. A partir des années 90, il y a un effet pyramide des âges avec le « papy boom ». » Un vieillissement de la population qui a par ailleurs fait gonfler les autres postes de dépenses sociales comme la maladie, la dépendance, l’invalidité etc.   La deuxième raison n’est pas démographique mais économique. La très forte hausse du chômage qui concerne désormais 5 millions de Français a mécaniquement fait gonfler les dépenses. Incapable de recréer une dynamique menant au plein emploi, l’Etat a fait le choix de la redistribution pour soutenir les chômeurs plutôt que des réformes structurelles. Problème, si ces dépenses jouent le rôle d’amortisseurs sociaux en cas de crise (en soutenant la consommation par exemple), le niveau élevé des prélèvements handicape la reprise ou la bloque littéralement. C’est ce qui se passe en France depuis 2012, note la direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (Drees) dans une étude. Le niveau de prélèvement devient si élevé qu’il appauvrit désormais plus les contributeurs qu’il ne permet aux bénéficiaires de voir leurs revenus compensés.

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