Royaume-Uni : Boris Johnson, le clown, ministre des affaires étrangères
On peut s’étonner que la très austère et très sérieuse Theresa May ; nouvelle Première ministre, ait choisi Boris Johnson pour occuper le poste des affaires étrangères. Sans doute s’agit-il pour elle le résultat d’un équilibre au sein du parti conservateur. Certes Boris Johnson ne sera pas chargé de négocier les suites du brexit puisqu’un ministre a été spécialement désigné pour cette besogne il n’empêche que dans un contexte international particulièrement délicat le profil de Boris Johnson ne paraît pas tout à fait adapté au caractère dangereux de la situation (rapports avec l’union économique évidemment, avec le Moyen-Orient, avec la Russie par exemple). Cette nomination risque d’être accueillie avec perplexité, voire consternation dans les chancelleries européennes. N’a-t-il pas, lors de la campagne référendaire, comparé les buts de l’UE avec les visées d’Adolf Hitler et de Napoléon ? L’homme à la tignasse platine ébouriffée s’est aussi vu taxer de racisme durant la campagne pour avoir suggéré dans un article de presse que le président américain Barack Obama, qu’il avait décrit comme « en partie Kényan », avait un préjugé contre le Royaume-Uni en raison « d’une aversion ancestrale de l’empire britannique ». Mais ses commentaires sur Barack Obama pourraient lui valoir quelques moments de gêne à Washington. D’autant qu’il n’a pas été en reste sur Hillary Clinton qu’il a comparée à « une infirmière sadique dans un asile d’aliénés ». Tout récemment, il a dit avoir peur de se rendre à New York en raison du « risque réel de rencontrer Donald Trump ». Cette accession de l’ancien journaliste à l’un des quatre grands ministères du gouvernement est le dernier coup de théâtre d’une carrière pleine de rebondissements de celui que l’on appelle sans façon « Boris ». Jouant de son style excentrique et de son esprit rapide pour charmer ses interlocuteurs, il a réussi à survivre à des situations délicates, comme quand il a été limogé de l’équipe dirigeante du Parti conservateur quand celui-ci était dans l’opposition pour avoir menti au sujet d’une relation extraconjugale. Ridiculisé pour avoir joué un rôle déterminant dans la sortie du Royaume-Uni de l’UE pour ensuite renoncer à l’énorme tâche de mettre effectivement en oeuvre ce processus, ses perspectives apparaissaient minces. Et sa nomination mercredi a été un coup de théâtre. Dans ses précédentes fonctions de ministre de l’Intérieur, Theresa May avait humilié Boris Johnson en refusant d’autoriser l’utilisation en Angleterre de trois canons à eau d’occasion que le maire de Londres s’était procuré en Allemagne. Dans le discours de lancement de sa propre campagne pour prendre la tête du Parti conservateur et donc devenir Première ministre, Theresa May s’était moquée de lui en comparant sa propre expérience des négociations avec ses homologues européens avec la sienne. « La dernière fois qu’il a fait affaire avec les Allemands, il est revenu avec trois canons à eau presque neufs », a-t-elle dit sous les rires. Le rôle de Boris Johnson dans les négociations sur les modalités du Brexit devrait être limité, Theresa May ayant nommé un « Monsieur Brexit » pour ce faire, en la personne de David Davis. Mais le nouveau ministre des Affaires étrangères aura toutefois à gérer d’autres dossiers tout aussi complexes, notamment ceux des conflits syrien et ukrainien. « A ce moment extrêmement important, il est extraordinaire que la nouvelle Première ministre ait choisi quelqu’un dont la carrière s’est construite en faisant des blagues », a déclaré Tim Farron, chef de file de l’opposition libérale démocrate.Malgré de récents efforts pour donner de lui une image plus sérieuse, Boris Johnson risque très vite de se retrouver confronté à l’effet retour de ses blagues douteuses anciennes et récentes, que ce soit à propos de la Turquie, ou des Etats-Unis.
(Avec Reuters)
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