L’école de l’ENA en déficit : un curieux exemple de bonne gestion !
. On peut s’étonner que l’école de l’élite française se retrouve dans une situation financière particulièrement délicate avec une aggravation de son déficit ; certes une situation due à une réduction de la part de financement consacré par l’État mais sans doute aussi à un coût de fonctionnement difficile à comprendre. Finalement la formation de chaque élève coûte la modique somme de 167 000 €. On compte par ailleurs 135 fonctionnaires pour assurer le fonctionnement d’une école qui comprend 90 élèves (dont la scolarité est de deux ans) sans parler évidemment des nombreux intervenants extérieurs. La moindre des choses c’est qu’on aurait pu espérer qu’on anticipe la dérive financière et qu’on propose des mesures de rigueur, celles précisément que souhaitent ensuite les énarques pour l’ensemble de la population lorsqu’ils sont en poste. Une note en tout cas salée pour ceux qui en définitive n’apprennent pas grand-chose hormis essentiellement t le droit administratif (et la langue de bois) qui permet de multiplier lois, décrets, circulaires, arrêtés et qui fait de la France l’un des pays les plus bureaucratiques au monde (11 000 lois, plus de 100 000 décrets sans parler de la pluie de circulaire et autres décisions administratives). Une note confidentielle de la direction de l’école nationale d’administration, révélée par le site acteurspublics.fr, état d’un “déficit chronique” et d’une “forte tension sur la trésorerie” dans les prochains mois. Dans ce document d’une vingtaine de pages, rédigé à la demande des administrateurs de l’école et qui leur a été communiqué en février 2016, la direction de l’ENA s’inquiétait des déficits chroniques, depuis quatre ans, de la plus prestigieuses des grandes écoles françaises. En 2014, selon son rapport annuel disponible, son déficit était de 472.000 euros. En 2015, selon cette note, il se serait nettement aggravé atteignant 1,83 million d’euros. L’accumulation de ces déficits a sérieusement rogné les marges de manœuvre de l’école qui, si rien n’est fait, ferait « naître une forte tension sur la trésorerie dès 2018 et sans doute dès mars 2017, si l’État traîne les pieds pour verser sa subvention », selon le site spécialisé. La cause principale de ce trou budgétaire tiendrait précisément à la réduction de la part de la subvention étatique dans le budget de l’ENA et dont dépend la bonne tenue de ses finances. En 2014, celle-ci s’est élevée à 32 millions d’euros. Elle n’a représenté que 77% des recettes totales de l’école, contre 83% en 2006. Les ressources propres de l’ENA se sont donc élevées la même année à 23%. L’école tente notamment de développer son activité internationale (formation et missions à l’étranger…) mais le procédé a ses limites. Mais le plus inquiétant pour les finances de l’ENA provient du fait que la subvention étatique ne couvrirait plus totalement les salaires, ceux des fonctionnaires de l’école et ceux des élèves. Or, ces rémunérations augmentent mécaniquement du fait des mesures d’avancement et d’ancienneté bénéficiant aux fonctionnaires employés par l’école : ils étaient 135 fin 2014 pour 46 contractuels. La note met aussi en avant le coût de la double localisation de l’école à Paris et à Strasbourg. Considéré comme la « principale charge de fonctionnement », ce double site a un coût annuel de 1,17 millions d’euros pour l’école. Les pistes d’économies suggérées dans le document, au cas où cette situation de déficit perdurerait, vont de la réduction du nombre d’élèves (90 aujourd’hui) ou à une scolarité réduite de six mois. Cette scolarité a un coût : pour les élèves passant deux années à l’ENA, la durée totale de formation d’un futur haut fonctionnaire revient à plus de 167.000 euros. Mais, les énarques ont-ils encore suffisamment la cote dans l’opinion publique pour l’État leur accorde une rallonge budgétaire ?
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